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BoulevarD
Les critiques de bandes dessinées

 

 

LEA PARKER t.1 : Victime de la mode

Scénario : Benes et Mauduit
Dessins et couleurs : Allam et Zerriouh pour le studio 2HB
Edition : M6 EDITIONS
ISBN : 2-915-127-14-X
Septembre 2005 - cartonné - 56 pages couleurs

Quand le succès télévisuel répond présent, il faut pouvoir en donner toujours plus aux fans afin qu'il ne se détourne pas de sa nouvelle idole. c'est pourquoi depuis début septembre, Léa Parker connaît des aventures en bandes dessinées totalement inédites.
Après une énorme bévue accomplie au Louvre, Parker et ses adjoints se retrouvent cantonner à la protection rapprochée d'une jeune mannequin faisant fi du danger qui l'entoure. En effet, fille d'un chimiste repenti, elle risque de desservir les intérêts de son père si ses ennemis mettent la main sur elle. Bien sûr, la jeune fille ne désire pas particulièrement les égards de la police française et va en faire voir des vertes et des pas mûres à notre fine équipe.
Ne connaissant pas la série télévisée éponyme, je ne peux donc pas comparer les deux média.
Je me contenterai donc de vous parler du livre que j'ai pu avoir entre les mains.
Les auteurs, Norédine Allam et Farid Zerriouh (Eloïms chez Nucléa et les Poussières de l'infini chez Soleil), ne nous sont pas inconnus. On retrouve donc sans surprise leur style de forte inspiration manga dans des pages où l'action est au rendez-vous grâce à un découpage et un cadrage vifs augmentant l'impression de vitesse. Sous des pinceaux habiles, la Belle le reste avec des formes rendant un bel hommage au modèle !
Le scénario saupoudre aussi une bonne dose d'humour ... classique cependant je ne comprends pas la nécessité de traduire en "politiquement correct" les multiples insultes anglaises lancées par une des protagonistes. S'il s'agit à nouveau d'humour, il est fort dommage que les non anglophones passent complètement à côté. De plus à l'heure où l'apprentissage d'une langue étrangère dès le plus jeune âge semble une évidence pour beaucoup de monde, ce n'est pas ce tome qui va réveiller la fibre shakespearienne de nos chères têtes blondes. Vous l'aurez donc compris, cette bande dessinée s'adresse avant tout à un public fan et jeune. sinon, vous pourrez la lire sans difficulté avec plaisir mais sans plus.
A suivre avec un tome 2 déjà prévu.

(26/09/05) Frank Camous

 

SIMON RADIUS PSYCHO-INVESTIGATEUR t.1 : Les fantômes de la culpabilité

Auteurs : Courbier et Dahan
Editeur : Emmanuel Proust

Dora est sortie, comme d'autres fois, un peu en retard mais promettant de revenir au plus vite. De l'envie plein la bouche, un baiser soufflé au bord des lèvres, une dernière consigne de repos lancée à son bien-aimé pour qu'il décroche un peu de son boulot… " tiens-toi prêt pour la soirée de ce soir.. je t'aime… ". Depuis, Simon Radius n'a plus revu son épouse ! Ce drame emplit ses nuits de cauchemars avec cette lancinante question qui revient battre à ses tempes : mais qu'a-t-il bien pu lui arriver ?
Pourtant, cette enquête aussi personnelle qu'obsédante, le psy doit vite l'abandonner au profit d'autres personnes, elles aussi plongées dans de vertigineux vertiges liés à des problématiques sombres et souvent criminelles. Cet homme est fou, il a tué, massacré… qu'en pensez-vous ? Policiers et psychologues à la petite semaine font vite leurs conclusions… Simon Radius a d'autres capacités à défaut d'avoir bonne presse. Défendre et soigner, découvrir et réparer, enquêter jusqu'à s'investir de la manière la plus étrange sont ses credo-manies. Difficile de croire en ses trouvailles tant ses méthodes sont peu orthodoxes, mais voilà bien ce qui fera le charme du personnage : Simon Radius réussit à plonger dans le labyrinthe de la pensée et de l'esprit humain, voire même animal puisqu'il nous invitera à une belle scène de lecture mnésique pour visualiser un crime derrière l'œil effrayé d'un.. canari (j'en perds mes plumes !). Et Dahan, et Corbier d'en profiter pour mieux voyager au plus profond des angoisses des hommes, de ceux qui s'affaissent derrière leurs portes blindées, verrouillées, piégées par crainte des fantômes d'un quotidien trop médiocre. Au fil de l'enquête, l'humour s'invite au bord d'une critique souvent amusée, moins vitriol qu'acidulée, les flèches sont imparablement tirées pour mieux piquer cet esprit étroit, souvent beauf, voire con de l'homme quel qu'il soit : flic, médecin, spécialistes, facho, looser, paumé… Le crime se niche derrière la culpabilité des non-dits, le ressentiment, la peur d'affronter la vérité. Simon Radius semble bien seul à vouloir éviter ces écueils primaires, il fouille inlassablement pour mieux libérer l'esprit maladivement prisonnier… c'est certainement pour cela qu'on l'aime tout de suite.

Benoît Dahan se réjouit de courbes caricaturales, accentuées jusqu'aux limites d'une folie incomplètement explorée. Les tonalités sombres forcent l'impression qu'il flotte en permanence un danger alors que le découpage se joue des bords de cases, soulève la matière inerte du papier pour voir derrière les bordures des courbes inavouables. Beaucoup de trouvailles, d'inventivité, cette BD pétille d'intelligence et d'humeurs inégales exposées avec un dynamisme étonnant.
Pour sa première, Simon Radius convainc pleinement, personnage singulier et atypique capable d'emporter l'adhésion du plus grand nombre grâce à ses qualités humaines, intellectuelles et cette envie incroyable de trouver la faille pour restaurer une vérité à l'image de sa droiture. Au milieu d'une galerie de personnages marqués et ultra-typés qui ne laissent pas indifférent, on marche immédiatement dans son sillage, avides de sensations, impatients d'une seconde aventure… pour mieux l'aider à retrouver Dora !

(03/07/05) Fab

 

LA BULLE DE BERTOLD

Auteurs : Agrimbeau et Ippolitii
Editeur : Albin Michel
Avril 2005- cartonné - 48 pages couleurs

Un coin de dictature comme le monde en a tant connu, en Argentine par exemple ! Tout est fait pour maintenir un ordre édicté par une véritable mécanique de précision qui broie le moindre grain de sable et qui n'aura de cesse de museler l'homme et sa conscience. Agrimbau et Ippoliti illustrent les propos de Bertolt Brecht : Je ne sais pas ce qu'est un homme, je ne connais que son prix. Dans cette Bulle, cette cité nommée Butane, le moindre faux pas est sanctionné par une amputation. Pour avoir refusé l'ordre aveugle et froid, Bertold perd ses quatre membres et devient un de ces innombrables " troncs " qui survivent sur la " place féérique " ! C'est en cette cour des miracles que Froilan, le directeur du Théâtre pneumatique le repère avant de l'embaucher pour devenir une des attractions de la pièce qu'il ambitionne de mettre en scène, le " lait de la mère ". Amputé lui-même d'un bras, Froilan a trouvé le moyen qui lui permet de rester actif, " productif " et ambitionne un retour en grâce. Lorenzo, un jeune informaticien, le seconde dans cette entreprise de mettre sur pieds et en action cinq personnes à l'image de Bertold. Tous ont connu le poids du crime et le prix à payer, qui assassin égorgeur d'enfants, elle, terroriste aux 652 victimes… La mécanique se met en place, Froilan guide ses pantins articulés, leur dictant gestes comme paroles…le rideau peut se lever !
Bertold est vite l'élément moteur de la troupe, véritable acteur qui sait donner âme à son texte, vie à une scène, jouant à la perfection, improvisant également de plus en plus… Il joue de la gamme des ambitions souhaitées, laisse espérer la venue d'une possible rédemption en flattant le pouvoir en place… et finira par laisser s'envoler les germes de son esprit toujours libre ! Le " tronc " est toujours un homme, blessé en son corps, mais plus entier que jamais dans ses décisions d'homme.
La représentation s'achève.. les marionnettes humaines oublient la pesanteur de leur fardeau et brisent le carcan imposé par l'intendance pour s'évader vers un avenir incertain mais de leur propre choix !
La bulle de bertold est un livre volontairement sombre dans son approche graphique, sans jamais confiner à l'hermétisme, une poésie triste emplie d'un fol espoir, un vibrant hommage à ceux qui résistent malgré les souffrances imposées. Les deux auteurs argentins touchent au cœur par cette poignante et inattendue mise en scène (qui rend également un vibrant hommage au théâtre) qui restera ancrée dans nos mémoires attentives.
Une bande dessinée en tout point réussie, un livre remarquable…

(29/06/05) Fab

 

TRIGS t.2 : Kali

James Hudnall et Mark Vigouroux
HumanoÏdes Associés

Si comme les yo-critiques du tome 1 de cette série (Arès), vous avez succombé aux charmes de ce polar-SF, vous connaissais la même jubilation que moi à voir débouler Kali.
Car sans en rajouter par de grands effets spectaculaires, le duo Hudnall/Vigouroux réussit totalement sur ce thème SF à subjuguer, étonner, perturber, notamment par ce défi graphique constant qui s'impose comme une force gauche mais d'une puissance redoutable.

Revenons tout d'abord aux Trigs. Ils sont nés d'un programme secret du gouvernement, créés à partir d'un gène déclencheur ou " trigger ", ce sont des surhommes… et ils ont sauvé l'humanité. Pourtant, des forces inconnues semblent vouloir les diviser, les faire s'opposer et, pourquoi pas, les détruire. Au début, seul Arès, celui que tous accusent du meurtre d'un des siens, résiste aux forces de l'AMFED (aussi déterminées qu'aveugles !) et parvient à décider Medb, son ancienne équipière, à l'appuyer dans sa quête de vérité. Sur la piste d'un membre des Trigs, ils visitent un curieux laboratoire au Québec, sans y avoir été vraiment invités. Une occasion rêvée pour découvrir quelques-uns de leurs pouvoirs, soulever quelques mystères sur les entités extraterrestres sur lesquelles l'armée (pour qui ?) travaille et se régaler de combats avec d'étranges créatures nées des "aventureuses" expérimentations humaines. Et Kali dans tout cela ? Elle se fait discrète, visite les jungles de la Xeno-zone, héritage de la guerre mais espaces mortels pour l'homme. Elle y cherche... un vaisseau spatial.
D'où vient le danger ? Hudnall est trop habile pour déjà le signifier. Où partent Arès et Medh ? Là, il nous laissera carrément en plan sur une image forte et dans un suspense total.
Incroyable comme une histoire de SF peut paraître aisée à suivre lorsqu'un scénariste possède un tel talent, capable d'évoquer une trame scientifique "dure" sans sur-doser l'explicatif.
Au niveau du dessin, Vigouroux nous régale de son assurance incroyable à exposer l'étrange, à imposer un dessin sobre, un trait épais paraissant parfois mal dégrossi par une technologie informatique. La succession de scènes ambiancées par la nuit vient installer des climats de suspense et de mystère propres à étonner et à surprendre. Une marque de fabrique remarquable qui donne immédiatement à l'album sa dimension décalée et sa forte teinte de thriller SF. Passionnante de bout en bout, cette splendide "Guerre des Mondes" revisitée qu'est Trigs est certainement la série SF du moment.

(02/05/05) Fabrice Leduc

 

LES CERCLES D'AKAMOTH t. 2 : La nouvelle alliance

Le Galli, Michalak & Fabrys
Delcourt

L'inspecteur Edgar Harris appartient à la police de Los Angeles, il est noir et marié à une femme blanche. Tout se passe plutôt bien pour lui jusqu'à l'arrivée de cette affaire des Sans-âme (voir T1). Une affaire qui pue l'étrange et entraîne l'inspecteur sur les traces de quelques nantis de la ville tel le sénateur Frank Lloyd Canfield. Les deux hommes se détestent, Edgar est rapidement rappelé à l'ordre par l'autorité supérieure, Canfield est assassiné…
Le problème de cet inspecteur est que là où il fouine s'active un étrange personnage, forme sauvage et violente qu'aucune balle ne semble atteindre et qui à la fâcheuse habitude de laisser un cadavre dans les pattes de ce bon Edgar… Ce dernier pense Vaudou… mais ne le peut devant ses supérieurs… cela dépasse en fait largement son imagination !!!
S'il découvre avec ce second album les secrets de la Nouvelle Alliance, notre flic de service continue également de collectionner les cadavres et les contrariétés. Le FBI qui le suspecte, son ennemi dans l'ombre qui le menace de mort et enlève sa femme et sa fille, son frère qui est arrêté comme activiste des émeutes provoquées par les gangs black de South Central et l'obsession de cette entité semeuse de mort et que rien n'arrête.
Sur la trace des zombies, des Sans-âmes toujours plus nombreux, enfin une piste, celle de la Nouvelle Alliance, ce Club secret de riches et puissants dont le but est de permettre à Lucifer-Akamoth de rejoindre le Cercle Divin, espérant pour eux-mêmes une reconnaissance éternelle…

Comme le prédit le résumé de l'album, l'excellent thriller fantastique de La Galli annonce une vertigineuse dégringolade pour ce soldat du droit, une plongée vers la peur, un abîme d'incompréhension, une chute vers l'insondable… Sur un rythme tendu et un découpage qui sert avant tout l'action et les expressivité des visages, Michalak délivre un dessin percutant dans un univers où l'effroi se marie avec la froideur de nuits agitées par le crime et le suspense. Les couleurs ont certainement (une fois encore) un rendu trop clinique, mais elles respirent le travail et ne peuvent remettre en question un album tout à fait recommandé.

Après un premier album unanimement salué, ce second service s'avère gagnant et réjouira les amateurs de thrillers au rythme infernal… qui voudront rejoindre la descente aux enfers d'Edgar Harris !

(02/05/05) Fabrice Leduc

 

LE JOUR DES MAGICIENS t.2 : Drazen

Scénario : La Neve
Dessin : Nizzoli
Editeur : Les Humanoïdes Associés
ISBN : 2-7316-6363-4 - ISSN : 9 782731 663631
Septembre 2004 - cartonné - 56 pages couleurs - 24 x 32 cm
- 12,60 euros

Parce que sa formation de magicien lui interdisait d'aimer, l'ex mage Lancaster vit réfugié avec sa femme Maria et son jeune enfant Drazen dans la quiétude d'un petit village italien. Malheureusement, Ash, le mage chasseur, finit quand même par les retrouver. Lors de l'affrontement qui ouvre le second tome cette série, La Neve et Nizzoli ont franchement décidé de jouer la carte dramatique en provoquant la mort de Maria, marquant à jamais Lancaster d'une haine farouche et Drazen d'un chagrin inconsolable. L'affrontement ne sera donc plus simplement " magique ", mais va prendre des allures de vendetta familiale.
Cette idée scénaristique, rajouter un contentieux personnel et très mafieux dans un monde où l'on ne s'attend à trouver que les effets classiques de la magie (sortilèges, envoûtements, divinations et Cie), est une vraie trouvaille qui permet de donner plusieurs niveaux de lectures à cette aventure.
On peut bien sûr retenir l'aspect fantastique de l'histoire, fort bien menée par ailleurs, et n'y voir qu'un affrontement de " puissances occultes ". On peut aussi deviner à travers ce scénario, la transposition des luttes intestines qui agitent la société italienne depuis des lustres. La confrérie des magiciens avec sa règle passablement absurde pour des humains -ne pas aimer ! - bien qu'outragée par la trahison de Lancaster, échafaude ainsi une vengeance (tuer sa femme, kidnapper son enfant) symbolique et typique des pratiques de la mafia face à ses repentis.
Graphiquement intéressant car oscillant entre un sens du détail affirmé des décors et une stylisation permanente des personnages et de leurs expressions, Drazen, tome 2 de la série, ouvre donc la voie à une double lecture possible de l'intrigue.
Hasard ou pas, on pense parfois au dessin romantique et sensible du regretté Arno décédé en 1996 (cf. " Anton Six " ou sa série " Alef Thau " avec Jodorowski), on apprécie les clins d'œils architecturaux et graphiques rendus aux encres de Victor Hugo (cf. la dernière de couverture) mais par-dessus tout, survit cet attachement sensible et sincère que l'on éprouve pour Drazen et son père. Que les motifs des Magiciens soient légitimes ou pas, on ne peut pas s'empêcher de condamner leurs méthodes. Idem pour Lancaster, même si la noirceur profonde du personnage apparaît souvent, on a envie de tout lui pardonner !
Seule petite fausse note de cette édition hexagonale, que noteront sans doute tous les fils d'immigrés italiens (pas de chance, j'en suis), l'erreur de traduction concernant la partie de carte. Non, ils ne jouent pas avec des cartes françaises (Carreau, Cœur, etc...) comme on nous le suggère (cf. page 2) mais à la " Scopa " avec un jeu italien typique composé de quatre " couleurs-figures " symboliques (Bâton, Épée, Or, Coupe). Cartes que l'on reconnaît parfaitement sur la troisième case. Le dialogue sur deux cases est donc faux ou inadapté.
Mais ne chicanons pas, tout cela n'est pas très grave et ne vient absolument pas perturber la lecture d'une excellente BD dont on recommandera sans aucune restriction l'investissement aux amateurs.
Attention cependant, sous le vernis classique et fantastique apparent, se cache sans doute un scénario plus complexe, retors et actuel qu'on ne pourrait le croire.
Une bonne nouvelle en soi et l'affirmation d'un réel travail de scénariste.

(30/03/05) Stéphane Pons

 

 

 

 

BOB MORANE t.40 : L'exterminateur

Scénario : Henri Vernes
Dessin : Coria
Editeur : Le Lombard
Inédit, grand format, couleurs, 48p., 9,80 euros

Voici Sven Londorf, le criminel surnommé "le viking". En toute logique, c'est à lui que deux fonctionnaires du gouvernement américain nommés Blake et White (cela pourrait même être leur vrai nom) lui proposent… hum, lui imposent de servir de cobaye pour le projet S.F.P. (Super Fighter Project) et le voilà transformé en cyborg (force, rapidité, indestructibilité). Evidemment il se fait intercepter et embrigader pour servir d'exécuteur au S.M.O.G., sous la surveillance de Ronan Orgonetz (l'Homme aux Dents d'Or).
Que va faire Mister Orgonetz quand l'Exterminateur croise la route de Bob Morane et de Bill Ballantine ? Mais tout simplement rajouter ces deux ennemis personnels à la liste des courses de l'Exterminateur. Cela ne va t'il pas contrarier miss Ylang-Ylang ? Raison de plus !
Vernes et Coria ont réalisé une adaptation correcte du roman du même nom. L'intérêt de l'histoire ne repose pas sur l'identité de l'adversaire mais sur les invité-surprises qui délibérément ou non interviennent.

(21/02/05) Damien Dhondt

 

LE RIRE DE L'ANCIEN

Scénario, dessins et couleurs : André Reina
Lettrage : Pierre Léoni
Edition CLAIR DE LUNE (Coll. Fantasmagorie)
ISBN : 2-913714-28-5
Mai 2004 - cartonné - 56 pages couleurs

Le duché de Brumëval pourrait être un endroit des plus paisibles s'il n'y avait cette forêt d'où personne n'est revenu. Les paysans respectent ce lieu tout autant qu'ils le craignent. En effet, cette forêt maudite ne se préoccupe pas de l'âge de ceux qui la pénètrent : enfants comme adultes, nul n'en est ressorti. Cependant, l'arrogance du Duc, revenu tout auréolé de ses victoires en Croisades, le pousse à mettre à mal le fragile équilibre qui régnait entre les Hommes et la Nature.
C'est une plaisante fable écologique qui nous est présentée. L'Homme peut-il impunément dominer la Nature ? Ou bien doit-il vivre avec elle en harmonie ? La réponse semble aller d'elle-même et la fin ne procurera pas de surprise. De plus, le trait est encore hésitant surtout dans les visages et les anatomies qui ne sont pas des plus belles. De même, le dessinateur a une fâcheuse tendances à user des gros plans comme s'il voulait s'épargner de dessiner les décors. En fait, on a du mal à se sentir impliquer dans cette histoire : la faute peut-être à des couleurs trop froides ou peut-être aussi à des personnages qui ne facilitent pas l'identification. Le seul personnage " bon " a un rôle par trop impersonnel et de second plan. Dommage ! D'autant plus que cette histoire où le fantastique flirte avec l'écologie est somme toute intéressante bien que classique. Intéressante car l'auteur se garde bien de nous donner toutes les réponses et c'est tant mieux. Certains resteront sur leur faim mais après tout la part du mystère est tout aussi intéressant que celle de ce qui est connu.

(11/02/05) Frank Camous

REDHAND t.1 : Le prix de l'oubli

Busiek et Alberti
(Les Humanoïdes Associés)

Les mariages internationaux se multiplient dans la BD et les Humanoîdes Associés sont souvent de la noce... Cette fois, l'Italien Mario Alberti dessine pour l'Américain Kurt Busiek. Le trait sensuel et longiligne découvert dans Morgana (2 tomes aux Humanos) rencontre une aventure créée par l'homme d' Astro City , le complice de magnifiques albums réalisés avec Alex Ross !!!

Loin dans le futur une planète, une Cité, un vaisseau-monde...
Alberti croise alors le style d'un Bilal pour dépeindre en quatre pages l'attaque, l'attentat, l'explosion dans un vertige technologique. Pas un son, pas un mot, pas une bulle, que de l'action, essentielle et mortelle (comme certaines images vues et revues en boucles). Après le désordre, le chaos et peut-être l'anéantissement, le scénariste tourne la page pour annoncer la prophétie : " Un homme sans enfance, sans père, ni mère, sans même un nom viendra et il cherchera à tuer les dieux ! "
L'Héroïc Fantasy s'annonce, sur un monde renaissant de ses cendres, dans une fuite pour échapper à la mort ou à une vie d'esclave. Dans une crevasse, un lieu profane s'ouvre aux fuyards : des salles de métal, des tuyaux, des portes acérées. Sans doute la demeure des Anciens, peut-être un repère de Démons. Face à plusieurs peurs, l'homme choisit la moins précise. Dans le bunker le combat se fait enragé, il sera celui de la survie et de la liberté, de la mort ou de l'esclavagisme. C'est là que sera libéré un guerrier d'un autre temps, un corps parfait contenu dans un "cercueil de verre", une vision christique pour un homme sans nom, sans passé, sans mémoire. Il tue, vite, bien, sans peur et avec des techniques imparables. Après la tuerie, il est nu, hébété, les mains couvertes de sang... ceux qu'il vient de sauver vont le nommer Redhand.
Ce guerrier tatoué d'un oiseau de feu sur l'épaule, le front garni d'éclats de métal est adopté par le village, par presque tout le village ! Redhand veut se contenter de vivre, d'aider, de défendre, mais en ce territoire tribal, vite les "Dieux" vont creuser des fossés de méfiance parsemés de graines de haine et de rejet.

Sur ce premier tome, qui est en fait l'album de la naissance du personnage, Busiek s'attache à dégrossir sa créature. Comme ce Christ évoqué lors de la libération d'une cuve protectrice, Redhand est capable de miracles, d'amour, de partage, mais il n'est pas là pour tendre la joue ni ramasser d'autres baffes. La mort de l'ennemi est la seule issue qu'il voit si on atteint à sa sécurité. Il est fort, souvent juste, mais est enfant de l'attentat ! L'innommable s'est produit et, si sa mémoire est effacée, Redhand en conserve des stigmates sur le visage comme un écho affreux qui chante au fond de sa tête. Seul et contre tous s'il le faut, Redhand est enfant d'un pays fort qui a été atteint dans son sanctuaire !

L'Amérique du 11 septembre est là !

Quand le démon offre son visage hideux à ceux qui l'ont adoré, le scénariste dénonce les croyances fourvoyées et surtout l'aveuglement de disciples qui ne cherchent pas d'autre foi en la vie. Il n'accable pas, ne justifie pas. Il semble faire un terrible constat : le plus fort décimera forcément ceux qui l'attaque. Et cela fera du bruit !
Dans cet album d'une rare violence (on pense à celle de certains mangas), l'auteur offre une vision d'une rencontre brutale de civilisations décalées par le temps et les cultures. Une vision sans vernis où le plus fort finit par l'emporter, ne laissant qu'une once d'espoir à celui qu'il a combattu.
La solitude s'ouvre alors à lui... Evolution, où es-tu ?

S'il est difficile de lire cette histoire comme une nouvelle fiction de Fantasy mâtinée de SF, les conclusions hâtives (voire irréfléchies) paraissent également déplacées.

Ce livre est d'une force rare car le talent d'Alberti y explose à chaque image, à chaque montage et construction de page. Alberti plaque la magie d'un graphisme dépouillé, qui cerne l'essentiel des corps, des mouvements et des formes. Le fil est sensible dans des espaces où l'image règne entre force des couleurs, puissance d'évocation et rythme narratif.
Chacun pourra y puiser ce qu'il recherche, il y a certes matière à polémiquer, mais un grand dessinateur s'impose (l'album compte au final peu de textes).

Et là où certain critique (BéDéKa) n'a vu que bain de sang totalement gratuit, beaucoup de questions se posent à l'homme, dans sa modernité comme dans ses croyances les plus absolues.
Le Monstre est là, sous des formes diverses, mais l'homme le supporte et surtout l'enfante !

Les Humanos, toujours très forts !

(27/10/04) Fabrice Leduc

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LE SOUFFLE t.1 : De Feu et de Sang

Ange et Philippe Xavier
(Soleil )

Avec Ange au scénario, les mots Fantasy, science-fiction, fantastique envahissent immédiatement les ponts d'accès vers un Imaginaire vagabond. Ce Souffle annoncé, il survient fort, violent, cataclysmique et sur des terres étranges ! Il ne ment guère ! Il annonce du Feu et du Sang...

Que voilà un petit village bucolique aux pontons ouverts sur la pêche. Ribauds et belles dames se réjouissent des facéties d'une troupe itinérante jusqu'à l'apparition d'Alir et de Nabila, frère et sœur, jumeaux écarlates qui jouent si aisément avec le feu.
On chuchote, puis on murmure et l'incident, où la belle crinière rousse vient pourtant au secours de l'infirme, fera crier, hurler : Sorcière... Sorcier... Sorciers...
L'Inquisition entend le moindre souffle d'hérésie. Le danger est déjà mortel !
Dans sa fuite éperdue, la petite colonie subit des morts atroces et inexpliquées... on crie alors aux malédictions, aux porte-malheurs et on exclue. Ce sont encore Alir et Nabila, victimes des mêmes fantômes élevés au sein de la peur !
Si la mort rôde en ces contrées sauvages, cruelle et obsédante, ce sont des cauchemars qui agitent les nuit du jeune maître de l'Empire des Mille Cités. Il y voit les indices d'un terrible retour, celui des Obscurs, des forces de Magie impitoyables qui écrasèrent longtemps les humains sous leur puissante sorcellerie. Les traces sont là, des artefacts anciens reprennent force, vieux grimoires et sorcières ressurgissent d'un abyme d'oubli... Ils sont là ! Où ? A quoi ressemblent-ils ? Alir et Nabila ? Pas de réponse, car nous sommes alors à la dernière page, en plein doute !.

Avec ce savoir-faire maintenant fort reconnu, le duo scénaristique nommé Ange nous entraîne vers une histoire tressée d'habituels éléments de cet Imaginaire tant à la mode ces derniers temps, minerai aux veines beaucoup trop exploitées, notamment chez Soleil.

Mais ce premier tome et premier album du dessinateur Xavier révèle une lecture agréable, à l'image d'une bonne série télévisuelle qu'on se tape en mangeant son mille-feuilles. Très cohérent dans sa construction, Xavier y prouve une certaine habileté dans un type de dessin fort prisé commercialement (une école Varanda-Soleil !), bien entendu éclaboussé d'une mise en couleurs racoleuse qui encombre le trait et un découpage trop généreux en cases surchargées de texte (c'est paraît-il moderne et cela se vend ! Aargh, ça y est, je suis vieux... et dépassé !).

Bon, tout cela est prévisible dès la couverture. Qu'importe,l'album a plus de qualités que de défauts et compte beaucoup d'axes intéressants à développer pour cette aventure d'où un bestiaire fantastique devrait très vite surgir... certainement dès le tome 2.

(27/10/04) Fabrice Leduc

 

L'ARMEE DES ANGES t.1 : La Résurrection de Jason Ash

Thomas Fenton, Jamal Igle et Antoine Quaresma
(Les Humanoïdes Associés)

Et dire que les anges, lorsqu'ils ils ne voient plus comment gagner leur foutue guerre éternelle du Bien contre le Mal, ne trouvent rien de mieux que de s'adresser à un homme pour éviter la fin du monde ! Paradoxal, non ?

Dans L'Armée des Anges, c'est sur un foutu flic, plutôt un bon flic d'ailleurs (faut pas se gêner !), que les Protecteurs vont jeter leur dévolu. Jason Ash enquête sur l'enlèvement d'une fillette par un barge quand une macabre découverte vient changer radicalement l'orientation de ses recherches... et de sa vie ! Car durant la nuit, c'est un homme mort, nu, crucifié à l'envers (avec des vrais clous !!) sur un arbre centenaire qui a été retrouvé. Un style peu académique qui tend à démontrer une certaine force tranquille !
Jason veut en savoir plus et c'est à la morgue qu'il s'en va retrouver le cadavre, en fait un certain David, du septième ordre des Assassins que les ramasseurs... d'anges tombés au combat sont venus récupérer. Des rencontres peu banales qui vont mener Jason Ash à prendre alors rendez-vous pour la dernière séance, celle de l'Armageddon. Après une rencontre avec les protecteurs, il va pouvoir s'attaquer aux jouets des Anges du Mal, comme à ce vilain " marchand de sable " qui terrorise la ville en assassinant ses gamines !

Sa vie, sa mort, sa résurrection... tout cela est raconté tambour-battant par Fenton et Igle avec cette efficacité propre aux Américains qui savent distiller ambiances et rythme en multipliant les plans rapprochés dans un nombre de cases jamais excessif. Le dessin ne relève pas de l'exploit technique, on joue ici surtout sur des expressions très affirmées, le mouvement des corps, l'action et le suspense. Peu de décors, une mise en couleurs bien adaptée (comme quoi l'ordi convient souvent bien aux ambiances glauques !), du mystère et de l'angoisse... voilà une BD façon Metal Hurlant.

Et oui, c'est encore aux Humanos !!!!

PS : si vous êtes fans de la revue BoDoï, une pinaillerie classique est visible aux pages 9 et 10 où Jason porte parfois sa montre au poignet gauche, parfois ne l'a plus et, classique des classiques, la trouve à son poignet droit dans le reflet d'une glace !

(27/10/04) Fabrice Leduc

 

PARADIS PERDU t.2 : Purgatoire

Ange, Xavier et Alexe
(Soleil)

Le lecteur qui apprécie le travail de Varanda a forcément été happé par le premier album de Paradis Perdu. L'artiste a une facilité étonnante et une faculté à aller à l'essentiel qui rendent ses images fantastiques subjuguant. Une facilité qui veut dire : travail, technicité, travail, don, observation et travail.

Et oui, chacun pense aujourd'hui que la bande dessinée est à la portée de chacun ! Et bien, non !

Comme en littérature, il y a les grands, les bons, les moyens... et les tâcherons. Ces derniers répondant tout bonnement à une demande commerciale sur un marché du tout à acheter et à vite jeter. Le cinéma et la TV servent à vendre du MacDo et du Coca, en forme de mini-rêves très colorés, aux saveurs exacerbées (action, bruit, sexe, violence, mal, bien, bof... on sait plus, qu'importe !) et calibrés pour modeler une majorité à la pensée unique. Naît alors le parfait gogo qui achètera les mêmes conneries que ses voisins, ses amis, ses collègues de boulot...
La BD fonctionne maintenant en grande partie ainsi et, pour qu'il n'y ait pas de méprise dans mon propos, je tiens à préciser que ce billet d'humeur aurait trouvé bien d'autres albums (une multitude) pour y trouver refuge.

S'il s'installe confortablement en cette critique, c'est que plusieurs autres agacements se révèlent au plein jour ici !

D'abord, bien évidemment, le sujet Varanda !
Le dessinateur est réputé, certainement très courtisé, mais la fâcheuse manie qu'il a d'engager un premier album pour ensuite laisser tomber le projet de série est un sujet fâcheux ! Cela relève-t-il des choix de l'artiste, d'un diabolique plan marketing, d'une absence de professionnalisme... que sais-je ? Moi, je ne connais que le respect du lecteur !

Les séries sans suite ou qui changent régulièrement d'auteurs, de dessinateurs sont le reflet d'une BD prisonnière d'un système à valeur unique : faire du fric.

Alors, ce second titre de Paradis Perdu colle parfaitement à ce papier d'humeur. Car avec Purgatoire, on peut mesurer à quel point l'absence de Varanda est pénalisante. Le scénario d'Ange est des plus linéaires (beaucoup l'avaient déjà noté pour le tome 1), parsemé d'énormes cordages à nouer les poncifs alors qu'on espère surprise, étonnement, frayeur et ravissement. Cette guerre entre Paradis et Enfer, cette déambulation de notre monde vers un Purgatoire où s'agitent racines du Mal et sources du Bien n'avait de consistance que par l'évocation que pouvait en donner Varanda.

Si pour cette suite (très attendue !), le dessinateur ne récupère vraiment pas un cadeau, on peut s'interroger sur la rapidité d'exécution de l'album ! Vu qu'il a publié en février 2004 son premier album (Le Souffle t.1) et celui-ci dès juin 2004, les nuits blanches ont dû être nombreuses !
Au final, le résultat n'est pas au rendez-vous (Le Souffle lui est très supérieur !).

La profondeur est absente, la matière n'existe pas, d'où ces pages lisses et plates du domaine des Anges. Seules parfois, quelques vignettes jouant d'à-plats noirs recèlent des ambiances plus fortement senties. Le dessin est dans la veine de Bloodline , mais est-ce seulement le style de Xavier ? Il essaie de retrouver la ligne Varanda, on se demande d'ailleurs si quelques plans et décors ne sont pas de ce dernier !

De simple à simpliste, il n'y a souvent qu'un pas. Le purgatoire est un endroit de repentance, d'ennui, d'attente... L'album touche à l'ennui, mais n'invite pas à l'attente ! Pour moi, un Paradis définitivement perdu, sauf Miracle !

Peut-être un bon titre pour le tome 3 ?

(27/10/04) Fabrice Leduc

 

 

 

 

 

 

PANKAT t.1 : Saisi à froid

Auteur : Merwan
Editeur : Vents d'Ouest
Inédit, grand format, couleurs, 58p., 12,50 euros

Le jeune Mané se rend à la ville d'Irap pour apprendre l'art martial du pankat.
Il en découvrira deux versions. Pour le champion Eïam, le noble art du pankat est une fin en soi dont le respect des règles permet le dépassement du combattant. Mais Fessat, le voleur, n'en voit que le coté pratique : celui de se défendre face à un adversaire armé et de lutter contre l'oppression, quant aux règles...
Cependant le personnage principal reste la ville d'Irap dont l'architecture est largement décrite. Elle est sans doute appelée à voir son rôle se développer dans les tomes suivants. En effet pour ses mystérieux objectifs, Fessat entreprend d'en dérober les plans de construction.

(15/09/04) Damien Dhondt

 

NIRTA OMIRLI t.1 : Un jeu cruel

Scénario : Morvan
Dessin et couleurs : Bachan
Editeur : Les Humanoïdes Associés
Inédit, grand format, couleurs, 56p.

2976 : le capitaine Nirta Omirli est exécuté par les casques bleus pour avoir mené un raid de représailles sur la population locale de NeVé-RikoSSe.
2999 : un missile venu de la planète frappe le transporteur de troupes qui ramenait les casques bleus vers la Terre. Pendant ce temps, les autochtones traquent toujours Nirta Omirli. Les six rescapés vont s'efforcer de retourner sur NeVé-RikoSSe, dans une navette de secours prévue pour cinq.
Assisté de Bachan, un dessinateur mexicain ayant bossé pour DC Comics (League Giants # 1, Doom Patrols # 1), Morvan nous offre un space-opéra qui colle à notre monde.
Il avait déjà évoqué la télé-réalité dans Reality Show et il récidive. Comme il y a une place qui manque sur la navette de secours les rescapés vont voter pour celui qui va rester dans l'épave (curieusement ils n'ont pas pensé à tirer au sort). Au fait qui est le chef ? Il y a bien un Amiral dans les rescapés mais comme c'est le seul mâle de l'équipe, il ne faut pas espérer que les soldates lui obéissent. De plus, entre le grade et l'efficacité, le choix est vite fait quand la situation est critique. Puis il évoque les forces d'interposition de l'OPU (Organisation des Planètes Unies). On exécute celui qui riposte aux attaques terroristes afin de préserver la paix. Morvan une fois de plus joue sur les paradoxes. Peut-être pas forcément sur le plan moral mais aussi temporel. Outre la défaillance du caisson qui a entraîné le réveil d'une jeune femme dans le corps d'une vieillarde, on s'interroge pourquoi Nirta Omirli est toujours vivant 23 ans après être passé devant le peloton d'exécution (dont a fait partie une des rescapées).

(31/08/04) Damien Dhondt

LA VOIE DU SILENCE t.1 : Aube ardente

Scénario : Mitric et Ange
Dessin: Grey
Couleurs : Frédéric Besson et Sébastien Bouet
Editeur : Soleil
Inédit, grand format, couleurs, 48p., 12,50 euros

ARKEOD EPISODE I

2067 une mystérieuse catastrophe
frappe le Japon et peut-être le reste du monde.
Blessé à la tête un jeune garçon surnommé Scalp est
récupéré par un petit groupe de rescapés avant que celui-ci soit anéanti par de mystérieuses créatures (mutantes ou extraterrestres). Sa seule chance de survie repose sur un guerrier ayant regroupé un groupe de jeunes auquel il enseigne l'art du sabre et la voie du bushido, méthode idéale pour affronter les Aliens.

Une fois de plus, Mitric utilise un groupe de jeunes avec un leader plus âgé. Les jeunes lecteurs y verront un bon récit d'aventure mais on peut s'interroger:
- comment se fait-il que des Extraterrestres aient un si faible niveau technologique ?
- qui sont ces créatures ?
- qui a vraiment éliminé le groupe de Scalp ?
- faut-il vraiment se sacrifier pour suivre une règle ?
- pourquoi chercher de la nourriture chez l'adversaire alors qu'il est censé se nourrir d'êtres humains ?
Mais qui a eu cette idée de brouiller les cartes ? Tiens, ces interrogations se produisent dans la partie de l'album co-scénarisé par un Ange. On reconnaît la marque des scénaristes de La Cicatrice du Souvenir. Il ne faut pas se fier aux apparences et cette aventure de Scalp ne fait pas exception.
Une minute...Scalp ? Eh oui ! Il s'agit d'un des héros d'Arkeod (1) l'autre série de Mitric se situant 22 ans plus tard. Il est vrai qu'il ne se faisait pas remarquer car, au cours des deux albums d'Arkeod, c'était le seul personnage qui ne disait pas un mot mais qui paradoxalement était le plus populaire parmi les lecteurs.

(1): "Arkeod" de Mitric, Okumura, Cady et Peno-Mazzarino, 2 tomes parus aux éditions Soleil

(30/08/04) Damien Dhondt

MARIE DES LOUPS t.1 : La garde rouge

Scénario : Frédéric L'Hommme
Dessin : Regis Penet
Couleurs : Fabien Alquier
Editeur : Soleil
Inédit, grand format, couleurs, 48p. 12,50 euros

Les loups sont entrés dans Petra, se régalant des cadavres laissés par les Légitimistes. Ceux-ci affirment qu'un membre de la famille des Saint-Mathieu serait encore en vie.
En haut lieu, on soupçonne le général Neredahaus qui dirige l'école militaire des Gardes Rouges de comploter pour renverser la nouvelle dynastie des Saint-Pierre. Un jeune inspecteur est envoyé dans l'ancienne abbaye de Marie des Loups, là où les hommes vivent au milieu des loups. Là, il y découvrira le secret de la dynastie comme celle des conjurés.
Dans ce qui semble être un XIX° siècle alternatif, on découvre le jeu du pouvoir et de la loyauté. Le principal personnage est la jeune Marie qui vêtue de rouge se promène avec son loup apprivoisé (hum). On ne peut que constater une tendance à armer le petit chaperon rouge : d'une uzi dans Promethea, d'un six-coups dans Règlements de contes, d'une arbalète dans Crimson, d'une épée moyenâgeuse dans Transylvane , pourquoi n'aurait-elle pas droit ici à un sabre de samouraï ? Au fait on peut se demander ce que fabrique un sabre de samouraï dans ce contexte européen ? Mais cet élément trouvera son explication. En effet les points de détail sont développés par la suite, formant un tout cohérent.

(12/08/04) Damien Dhondt

 


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LIGUE ZERO t.1 : Big Bang

Scénario, dessin et couleurs : Lounis Chabane
Editeur : Soleil (Coll. Levant)
Inédit, grand format, couleurs, 50p. 12,50 euros


Au XXIV° siècle, la ligue solarienne dirigée par un ordinateur attend son principal événement : la Ligue Zéro: course hyper-médiatisée de bolides armés, dont les pilotes sont considérés comme des dieux vivants. Parmi l'un d'eux, un ancien pilote de chasse d'un autre système stellaire et qui aspire en une victoire qui lui permettra de rentrer chez lui.
Mais en arrière-plan de la course se joue l'avenir de la ligue solarienne.
C'est le premier album de l'auteur qui avait auparavant travaillé sur le désign de Golden Cup et avait dessiné "Première contact" la jeunesse de Naoko dans Carmen & Travis. Dans cet univers futuriste, on trouve toujours des buggys et des claviers d'ordinateur sans doute pour que nous ne soyons pas dépaysés. Par contre, le scénario présente un certain intérêt, chaque évènement en cachant un autre. La course aux règles complexes dépend un peu des réflexes mais beaucoup de la tactique, ce qui permet des surprises.
Cependant la présence de cette histoire dans la collection Soleil Levant peut surprendre. La volonté de faire du manga ne m'a pas convaincu malgré l'héroïne blonde qui flanquée de son massif coéquipier cyborg m'a rappelé quelqu'un (n'est-ce pas monsieur Shirow ?). Mais l'histoire dépendant d'un super-ordinateur je trouverais un peu exagéré si dans un tome prochain le dit ordinateur était neutralisé avec un pépin de pomme.

(11/08/04) Damien Dhondt

 

LES AVENTURES DE BLAKE ET MORTIMER # 16 : Les sarcophages du 6è continent - t.1

D'après les personnages de Edgar P. Jacobs
Auteurs : Yves Sente et André Julliard
Editeur : Les Editions Blake et Mortimer, Bruxelles
Première édition du 15 novembre 2003 - 56 pages - 12,60 euros

Seizième volume des aventures des célèbres Blake et Mortimer et deuxième opus réalisé par Y. Sente et A. Julliard. La première moitié de cet ouvrage (les 28 premières pages) se déroule en Inde durant la jeunesse des deux héros alors que la seconde partie utilise le décor de l'Exposition Universelle de Bruxelles. Un menu très dense mais par trop basé sur les anciens et historiques albums du maître - un défilé d'anciens seconds rôles étonnant - et qui associe conspiration mondiale, le fameux Colonel Olrik, un souci évident du détail graphique ou historique et malheureusement, les éternels défauts stylistiques d'une ligne claire et d'une surcharge de textes explicatifs.
D'une manière également décevante, l'univers graphique de la BD a bien peu évolué depuis ces temps immémoriaux et, paradoxalement, la soumission totale aux principes graphiques et scénaristiques les plus classiques et les moins originaux de Jacobs fatigue énormément aujourd'hui… Tout au plus, notera-t-on une volonté de densifier la narration en multipliant les petites cases au détriment du format classique de l'auteur originel. Si l'on approuve cette légère volonté innovatrice, il n'est pas certain qu'elle améliore le principe de base initié par Jacobs. Quant à cette manie qui consiste à appuyer par de longs textes explicatifs, souvent inutiles et renchérissant sur ce que le dessin démontre par ailleurs, une narration déjà bien surchargée, que dire de plus sinon préciser qu'elle entraîne un zapping permanent.
Beaucoup de boulot pour un gros et prévisible succès de librairie, déjà programmé et lancé par le battage médiatique (exposition à Paris, numéro spécial de Science & Vie, reportages télés à la chaîne !) inhérent à ce type d'édition… Si la performance imitatrice du couple Sente-Julliard est à saluer et fait penser aux travaux des moines copistes, si leur honnêteté et leur bonne volonté n'est pas ici mise en cause, il n'est pas acquis que nous tenions l'album de l'année ! Loin de là. Que disait ce bon vieux Shakespeare ? Ah oui ! Beaucoup de bruit pour rien. Il est des moments où certains morts sont définitivement plus grands dans leur tombe que ressuscités.

(08/08/04) Stéphane Pons

 

KABBALE # 2 : Carole

Scénario et dessins : Grégory Charlet
Editeur : Dargaud
46 planches, 10,45 euros

La couverture de ce second album fait penser à Akira, du moins aux ambiances qu'Otomo créait avec ses monstrueux buildings qui s'écroulent et s'appuient les uns sur les autres comme des géants ne supportant pas une solide gueule de bois ! Image de cataclysme, de fin de monde et pourtant, à leurs pieds, l'espoir : Carole.
Ce monde dépeint par Grégory Charlet est bien le nôtre, à peine plus avancé dans le temps, à peine plus violent et toujours engagé dans une voie sans issue construite sur le chacun pour soi, les petites révoltes d'âmes plus libertaires se réprimant dans de sanglants bains de sang !
Gaël dessine des livres pour enfant, son utopie y montre sa force car il rêve de douceur, de beauté, de compréhension. Pourtant, il vient de vivre un épreuve traumatisante (T1 : Gaël, fév. 2003), hyper violente et qui a failli lui coûter la vie. Ici, il est interdit d'affronter le pouvoir ! Ses aspirations en un autre monde n'en seront que plus évidentes, même si elles paraissent encore plus difficiles à atteindre.
Alors, Carole, celle avec qui tout paraît si facile, sera-telle son halo de lumière, son île encore vierge des pollutions de ce monde de dingues ?
Dans un récit plus intimiste, Charlet évoque les difficultés d'un univers qui connaît les problèmes de nombre banlieues actuelles, aborde les difficultés de communiquer ses sentiments, la timidité, la différence, teintant l'ensemble de couleurs crades qui accentuent encore les malaises. D'un trait manga reconnaissable, il fait preuve d'une certaine assurance, composant avec cette première histoire qu'il s'est taillée sur mesure.
On regrettera encore quelques déchets techniques (des mains aux doigts très inconstants… une marque de fabrique ???), mais même si les fans d'anticipation auraient peut-être aimé plonger un peu plus dans cette société en décomposition, on ne pourra reprocher à l'auteur les développements qu'il ose sur de vrais personnages… et oui, des humains qui essaient de penser en tant que tel !
On attend la suite…

(08/08/04) Fabrice Leduc

 

ARIA # 26 : Le Jardin de Baohm

Auteurs : Michel Weyland et Nadine Weyland
Editeur : Dupuis (Coll. Repérages)
48 pages, 9.50 euros

Aria est une guerrière évoluant dans un monde d'héroïc fantasy un peu décalé par rapport à la vague tapageuse des bandes du genre. Ici, on ne fait pas dans la mise en page tarabiscotée, ni dans les cases qui en jettent, on ne joue pas sur un humour parfois d'un goût douteux. On se concentre sur une histoire de façon sérieuse, en suivant une héroïne qui a son caractère et ses défauts (l'orgueil parfois, la trop grande confiance en soi). Ce tome est une nouvelle aventure indépendante construite par un auteur complet qui a suivi son personnage depuis plus de vingt ans.
Ici Aria va se trouver momentanément désemparée mais heureusement recueillie par une petite communauté. Celle-ci ne tarde pas à se révéler être une secte usant de substances psychotropes et l'on voit notre guerrière réduite à l'impuissance, situation on ne peut plus inconfortable pour le lecteur... Le processus de manipulation est mis en avant pour nous tandis qu'il est totalement invisible aux yeux d'Aria. Et le gourou de la secte l'ayant remarquée, décide d'envoyer notre aventurière dans une mission périlleuse...
La mise en page est bien sage, le dessin précis et c'est aussi une des particularités d'Aria par rapport à d'autres bandes évoquant un univers du même type : on fait dans l'économie de créatures magiques (chaque apparition se justifie par son rôle dans l'histoire, il ne s'agit pas de caser des créatures pour constituer le décor), ça ne pullule pas non plus de pin-ups. En gros, il s'agit d'une bande modeste dans son apparence, mais qui s'attache à l'importance de la narration. On notera les couleurs délicates qui renforcent cette impression: pas de tape-à-l'œil. Une optique méritoire.

(08/08/04) Kevin Alessio

 

JAMES HEALER # 3 : La Montagne sacrée

Auteurs : Yves Swolfs, Giulio De Vita et Sophie Swolfs
Editeur : Le Lombard (Coll. Troisième vague)
48 pages, 9.45 euros

James Healer est l'un de ces privés doués de dons de médium. Pro-indien, il est l'une des personnes privilégiées à appeler en cas de problème. C'est ainsi que c'est à lui que pense immédiatement son ami, acteur indien sur le déclin dont la fille est en fugue. Celle-ci, jeune femme appartenant à la jeunesse dorée californienne, a décidé de faire un tour du côté de la terre qui appartenait à ses ancêtres. Le problème vient du compagnon qu'elle a accepté de s'adjoindre: le jeune homme est décidé à passer une bonne soirée à Las Vegas, une soirée qui malheureusement va dégénérer. Et comme les policiers ressentent parfois de la hargne envers les indiens, l'inquiétude du père convainc James de s'en mêler.
Ce troisième tome peut se lire indépendamment des autres, offrant l'opportunité d'entrer dans cette série en ayant loupé les deux premiers. Le héros économise plutôt son don, ce qui au final un récit plutôt réaliste.
James Healer est grand, passe au large des mesquineries, se fait discret devant les provocations et, curieusement, évite ce statut encombrant de personnage principal de l'histoire. Non, ce sont les deux jeunes gens en cavale qui donnent l'intérêt à l'album., la fille un peu paumée mais avec un caractère bien trempé, le jeune homme est bien décidé à profiter le plus possible de chaque opportunité. Petit problème qui génère de grandes causes d'emmerdements, il est un rien impulsif, agité et souvent coléreux. Sex & drugs seront aussi de la partie...
Dynamique et précis, le trait se veut fin, apportant son lot de portraits réussi. La couleur se fait lumineuse sur la cavale de ses deux jeunes rebelles qui s'affichent dans des paysages fort réussis. Malgré un sujet léger qui aurait pu être porté par un sens plus dramatique, l'album forme un ensemble bien divertissant.

(08/08/04) Kevin Alessio

 

LES CHASSEURS DE REVE # 1 : Emilie et Liam

Auteurs : Arnaud & Ferry
Editeur : Glénat (Coll. La loge Noire)
56 pages, 12 euros

Une série d'étranges meurtres et de disparitions d'enfants à travers toute l'Europe. Une mystérieuse secte exploitant les rêves de ces mêmes enfants afin de créer une nouvelle source de pouvoirs occultes. Quel est donc réellement le rôle de cette société secrète appelée la Golden Dawn et dirigée par le mage Alceister Crowley ? Le détective Franck Lewis, alerté par ces phénomènes particuliers réussira-t-il à boucler cette enquête et à sauver les enfants disparus?
Si le scénario paraît pour le moment particulièrement bien pensé et écrit, le dessin semble un peu à la traîne de l'histoire. Une certaine pâleur des couleurs -choix réel ou problème d'impression ?- et une géométrie qui semble parfois aléatoire dans l'ordonnance des scènes (pages 13, 15 et 46, par exemple), déroutent aussi le lecteur. Il y a là " un je ne sais quoi " qui fait que l'on est pas forcément à l'aise dans la découverte de ce premier volet. Ambiances à la Harry Dickson, démarrage sur un canevas déjà bien exploité des sociétés secrètes et phénomènes paranormaux, seul l'avenir et l'évolution de l'histoire nous diront si l'on tient vraiment entre les mains quelque chose d'original et une série à suivre sur la longueur.
En attendant, un bon moment de lecture, loin d'être désagréable et des personnages que l'on a réellement envie de voir évoluer sur le temps. Les deux enfants prodigues, Emilie et Liam et leurs pouvoirs hors normes, accrochent suffisamment pour qu'un suspense s'installe et que l'on attende avec une certaine impatience le second opus. Intéressant.

(09/08/04) Stéphane Pons

 

LE MERIDIEN DES BRUMES # 1 : Aubes pourpres

Auteurs : Juszezak et Parras
Editeur : Dargaud

Non, Jack l'Éventreur n'est pas mort !
Dans un Londres délirant revu façon "Brazil", le serial killer revient plus terrible que jamais. Son nouveau nom : l'Equarrisseur.
Londres, XIXe siècle, l'Afrique... mais dans un monde parallèle. On retrouve l'ambiance victorienne mais avec quelques machines volantes et autres diligences à vapeurs !
Et oui, le Steampuk, une fois encore, avec un tueur façon Jack, mais qui s'attaque à des notables et réclame un million de livres sterling pour arrêter son cruel jeu de mort. Si les autorités ne veulent céder au chantage, elles ne comptent pas non plus rester inactives. John Colleridge, légendaire chasseur-guide en Afrique et coqueluche de toute l'Angleterre est appelé au chevet du malade !
Il faut arrêter le massacre.
Récit d'aventures façon Conan Doyle ou Jules Vernes, fantastique et horreur, exploitation d'un Londres futuriste, humour et charme "so british" sont les grands atouts de ce livre.
Qu'Antonio Parras ait laissé courir Le Lièvre de Mars pour cette aventure mouvementée est un pur bonheur pour qui aime son style si identifiable. Le talent du dessinateur ne trouvait plus de motivation nécessaire dans la série trop délirante et sans véritable limite dans le scénario de Cothias (qui a toujours déclaré qu'il ne savait pas où il allait et que tout pouvait arriver !!!).
Avec cette nouvelle série, il trouve d'autres décors pour son dessin très détaillé, ample et poussant souvent à la caricature tout en sachant rester très crédible. Parras s'avère remarquable créateur d'ambiances, dans un Londres de brumes et de brouillards humides.
L'aventure est passionnante sans être très originale, les péripéties se succèdent sur un rythme trépidant et Juszezak joue dans un registre de Fantastique entre mystères sectaires et décalage temporel tout à fait réussi !!!
J'aime Parras, son style classique si personnel et cette entrée en matière est une bonne surprise dont la suite ne doit absolument pas tarder !! Non, non !!!

(09/08/04) Fabrice Leduc

 

 

ALISTER KAYNE, CHASSEUR DE FANTOMES # 1 : De mémoire d'homme

Auteurs : Betbeder et Henninot
Editeur : Albin Michel (Coll. Post Mortem)
47 planches, 13,90 euros

Voici donc les mémoire d'Alister Kayne, grand professeur tombé en disgrâce et passionné de surnaturel, qui vient de se suicider. Après sa mort, c'est donc son fantôme ou son âme qui viendra nous raconter l'histoire d'une vie de chasseur de fantômes, entièrement focalisée sur l'étude des phénomènes occultes. C'est qu'Alister Kayne n'est pas n'importe qui. Contemporain de Sir Conan Doyle et de Houdini, il travailla avec et contre eux, sans aucun tabou, afin de faire progresser la science.
Un graphisme sombre, un sens réel du découpage et de la mise en page, ce premier volume des mémoires d'Alister Kayne est une vraie bonne surprise. Les ambiances victoriennes de l'époque où se situe le début de l'épopée sont parfaitement retranscrites en évitant l'écueil d'un certain maniérisme graphique visant la perfection architecturale. Ce que l'on pourrait croire être des errements au premier regard, semble plutôt viser à laisser des portes ouvertes à l'imaginaire du lecteur. A peine peut-on reprocher une certaine lenteur dans l'évolution de l'action mais les auteurs semblent avoir beaucoup à dire dans le futur. Il fallait aussi planter le décors et les personnages dans un scénario qui commence par la fin et la mort du principal acteur de la pièce. Superbe couverture, dialogues et textes descriptifs crédibles et utiles, littérairement bien écrits aussi, finissent par convaincre définitivement.
Des ambiances, une atmosphère, de l'originalité, du suspense, on accroche d'entrée. Vivement la suite !

(09/08/04) Stéphane Pons

 

KENYA # 3 : Aberrations

Auteurs : Rodolphe, Léo et Scarlett Smulkowski
Editeur : Dargaud
première édition : 1er juin 2004, 48 pages en couleur, 9,45 euros

Kenya, 1947. C'est au pied du mont Kenya et du Kilimandjaro que le mystère déploie ses ailes. Créatures horribles, meurtres affreux en pleine brousse, disparitions d'expéditions, apparitions de créatures préhistoriques et d'étranges lumières dans le ciel faisant penser à des Ovnis… Les services secrets de toute la planète sont donc là, plus ou moins incognito, afin d'essayer d'en savoir plus. Qui découvrira la vérité le premier et surtout qu'elle est l'explication entourant les phénomènes inédits apparaissant régulièrement dans cette zone ?
Après deux premiers tomes passionnants et enlevés, on s'attendait à un festival d'émotions, de révélations ou de surprises. Malheureusement, point de tout cela dans ce troisième opus.
On a malheureusement l'impression d'assister à une redite des deux premiers volets de l'intrigue dans un scénario où tout semble parfois repartir à zéro. On garde donc les mêmes personnages principaux destinés à supporter l'intrigue (Miss Austin, charmante agent de sa gracieuse majesté, l'insupportable écrivain américain John Remington et le surréaliste comte italien Di Broglie dont les héritiers de Dali se verraient en droit de réclamer la paternité) avec les quelques seconds rôles, presque tous escamotés dans cet épisode, aperçus précédemment. Tout juste un étrange albinos apparaît-il de temps à autre, sorti d'on ne sait où, bien qu'il semble détenir quelques clefs essentielles à la compréhension du mystère. Il y a aussi une certaine omniprésence des divers services secrets (américains et britanniques principalement) sans que l'on ne comprenne très bien où tout cela va nous mener. Mais voilà, l'effet de surprise des deux premiers tomes ne suffisant plus à faire avancer le troisième, on s'endort souvent au pied du somptueux Kilimandjaro.
Si le graphisme est encore une fois éblouissant de clarté et de finesse, si les dialogues sont d'une précision clinique, on se demande rapidement à quoi tous ces efforts peuvent bien servir tant le scénario offre peu de solutions… On s'enfonce, on s'enfonce et l'envie de regagner la surface s'étiole de plus en plus… Il y a même un petit coté " Aldébaran-Bételgeuse " qui pointe son nez et ne rajoute rien au couple " Ovnis-Dinosaures " originel qui avait au moins le privilège de surprendre.
Au final, une grosse déception pour un album souhaité et attendu, sans doute trop vite arrivé dans les bacs et souffrant clairement d'un immobilisme inquiétant au niveau de la narration. La beauté graphique et formelle de " Kenya - Aberrations " ne permettant pas d'enlever à elle seule le morceau, les fans -dont je suis et reste quand même- avaleront la pilule et attendrons, l'espoir chevillé au corps, le tome 4.

(09/08/04) Stéphane Pons

 

THOMAS SILANE # 1 : Flash mortel

Auteurs :Buendia, Chanoinat et Lecossois
Editeur : Bamboo

Il est journaliste ! Mais pas du type pépère qui rewrite des brèves de l'agence France-Presse devant un PC poussiéreux et arthritique. Non, Thomas Silane, c'est un enquêteur. Il fourre son nez là où les odeurs nauséabondes débordent légèrement des univers lisses des donneurs d'ordres, politiques, affairistes, trafiquants d'hommes et autres mafieux déguisés en personnes intègres. Ses articles font peur, y compris à ses employeurs. Ce baroudeur ne recule devant rien, pas même devant les menaces de morts explicites d'un parti fasciste.
Dans ce métier où la survie ne tient qu'à un fil, il reçoit une aide inattendue : un colis venu dont ne sait où qui contient un appareil photo extraordinaire. Et oui, après avoir photographié un cadavre, Silane découvre éberlué que ses développements lui révèlent non pas cette jeune fille martyrisée, mais bel et bien la scène du meurtre. L'incroyable élément fantastique vient de débouler en force dans ce Thriller !!
S'il croit d'abord à une supercherie, le journaliste doit bien reconnaître qu'à chaque série de photos, c'est une nouvelle affaire d'élucidée.
Le journaliste est alors paré d'une phénoménale arme dans son combat contre le crime qui, peut-être, lui permettra de faire la lumière sur ce terrible événement qui le priva de sa famille alors qu'il n'était encore qu'un enfant.
Après l'excellent Sam Lawry (voir T2 sorti en avril 2004) ou ce combattant du Vietnam voit les scènes de violence qui entraînent ses proches vers la mort (lisez ce magnifique diptyque, même éditeur), voici ce très bon thriller à naître en Grand Angle, jeune collection des Éditions Bamboo qui assument pleinement ses objectifs : nouveaux auteurs, aventure, suspense, étrange et histoires au ton moderne...
Pour Silane, Patrice Buendia et Philippe Chanoinat (Les Teigneux, On achève bien les cons chez Soleil) se partagent l'écriture d'un scénario rondement mené quand Yves Lecossois délivre un graphisme clair, réaliste et bien affirmé.
Thomas Silane convainc d'entrée de jeu, le double fil de ses enquêtes entre vie privé et activité professionnelle passionne, alors que personnages, écriture et dessin sont au niveau pour installer ce Flash mortel dans les très bonnes BD d'action du printemps 2004.
Une lecture fortement conseillée, à coupler avec Sam Lawry (oui, j'ai vraiment adoré !)

(09/08/04) Fabrice Leduc


LA FRONTIERE INVISIBLE # 2

Auteurs : Schuiten & Peeters
Editeur : Casterman

Au panthéon des réussites graphiques depuis de nombreuses années avec leur série des Cités Obscures, Schuiten et Peeters poursuivent leur voyage fantastique et kafkaïen avec la parution du tome 2 de La Frontière Invisible. En résumé, le jeune Roland de Cremer a été nommé au Centre de Cartographie, un lieu étrange où il découvre un projet et des personnages hors du commun (Mr Paul, Djunov, Shkodrà) dont les destinés lui échappent et le dépassent. Qui plus est, l'ombre omniprésente et omnipotente du Maréchal de la Sodrovno-Voldachie plane au-dessus de tous et viendra honorer de sa présence les dernières pages du premier volet.
Avec ce tome 2, Schuiten et Peeters poursuivent leur travail exploratoire des espaces sur plusieurs niveaux de conscience. Mais là où le tome 1 plantait des décors, des personnages et amenait le lecteur à s'interroger sur les rites de passages de l'adolescence à l'âge adulte (travail, sexualité, découverte de l'amour, étude des rapports de force), le tome 2 est centré sur une vision purement "absurde" et inutile d'une vie d'homme. Le jeune Roland de Cremer croit savoir mais ne sait rien, pense avoir un but et une solution à la vie mais n'est qu'un homme comme les autres destiné à disparaître dans les méandres du temps. L'enjeu -et l'absurde- de la situation ne sera donc pas d'apporter des solutions à une quête sans objet réel mais de faire prendre conscience au héros -et au lecteur- de l'énorme vacuité de l'existence. L'exploration des paysages intérieurs (le centre, la cartographie, le moi) fera donc place à une exploration extérieure (un pays, la fuite et les autres). Une valse amère, une poésie crépusculaire, une vision quasi psychanalytique teintée d'une sensualité idéalisée, un graphisme millimétré, un propos parfaitement synthétisé, une œuvre dense et parfaitement maîtrisée, autant d'arguments qui font de cet album l'archétype de ce que peut devenir un BD quand elle "explose" les cadres de références qualitatifs. On entre dans un "autre monde", celui de la création pure, avec toutes les interrogations que la non-compréhension immédiate et primaire d'une histoire peut entraîner.
Il y a aussi dans ce récit un peu de Jules Verne dans cette volonté des auteurs d'entremêler toutes les dimensions du récit avec des voyages initiatiques et simultanés qui sont à la fois, intérieurs (l'humain), extérieurs (la planète) et temporels (4ème dimension). Il s'agit là, cependant, d'un Jules Verne noir du XXIe siècle, dénué de tout positivisme scientifique et très proche par l'esprit du "Désert des Tartares" de Dino Buzzati. De ce petit soldat de la science qui se voyait plus important qu'il n'était, seule la fidélité ultime et solitaire du chien Kalin envers le maître qu'il s'est choisi perdurera à travers le temps. La compagnie des hommes sera désormais interdite à Roland de Cremer.
Beau, absurde et sans issue, ce second tome de La Frontière Invisible remplit donc parfaitement son rôle d'ouvreur de rêves et d'imaginaires, laissant un goût appuyé et mélancolique sur le lecteur attentif et forcément touché par la grâce. Immanquable.


Note : Petit message informatif pour les collectionneurs : les premiers exemplaires de cette édition sont accompagnés d'une carte IGN collector de la Sodrovno-Voldachie et la librairie parisienne Canal BD tient toujours à la disposition des passionnés un Port Folio comprenant 8 tirages couleurs tirés du premier volume accompagné de 8 crayonnés en N & B (prix modique inférieur à 10 euros) publié à l'occasion de la parution du Tome 1.

(09/08/04) Stéphane Pons

 

LES ARMEES DU CONQUERANT

Auteurs : Dionnet et Gal
Couleurs : Dan Brown
Editeur : Les Humanoïdes Associés

Il est des dessinateurs hors du temps. Ainsi Jean-Claude Gal, réalisateur sous la houlette de Jean-Pierre Dionnet, des Armées du conquérant, ensemble d'aventures d'Héroïc Fantasy qui paraissent en 1975 dans Métal Hurlant.
L'ouvrage qui suivra est remarqué, remarquable et reste presque trente années plus tard un modèle du genre.
Dessinateur lent, mais extrêmement précis (cela frise la maniaquerie !!), Gal mettra 13 ans pour réaliser trois albums devenus mythiques (La Vengeance d'Arn, Le Triomphe d'Arn*) pour les passionnés de trait, de dessin anatomique, de décorum fastes et ambitieux, de scènes littéralement cinématographiques.
Ce talent de ciseleur patient éclabousse littéralement chacune des planches de Gal dont les albums parurent en noir et blanc aux Humanoïdes Associés et chacun s'en réjouissait !
Plusieurs fois réédités, j'ai relu avec un égal bonheur les déplacements de la grande armée du conquérant, les rebondissements sournois et cruels imaginés par un Dionnet remarquable. Car il est difficile de faire du court en bande dessinée, surtout là où on raconte une vraie histoire. Pourtant Dionnet subjugue par un vrai talent d'écrivain et une imagination "antique" qu'il administre à des hommes assoiffés de gloire et de carnage mais pour qui, souvent, la roue oublie de tourner dans le sens de l'Histoire !!!
Le tailleur de pierres, montreur de monstres, fossoyeur des petites et grandes ambitions humaines qu'est Gal fît alors le reste et on en reste encore ému !
Cette année, les Humanos ont cédé à la tentation de la couleur, invitant Dan Brown a visité les champs de bataille du Conquérant. La palette graphique est très bien utilisée même si parfois un peu clinquante et voyante.
Le voyage séduira alors de nouveaux lecteurs qui découvriront une BD en Cinémascope. Le talent de Gal est toujours présent, même si pour moi, cet homme doit rester dans l'univers où il excèle, fait de traits, d'ombres, de lumières et d'encre.
De toute façon un grand livre.

*A noter qu'une édition intégrale regroupant ces trois récits épiques a été publiée aux Humanoïdes Associés sous le titre de Epopées Fantastiques. Tout en noir et blanc.

(09/08/04) Fabrice Leduc

 

W.E.S.T. # 1 : La Chute de Babylone
Dorison, Nury et Rossi
(Dargaud)

Comme la mort, il est une ombre, profitant d'un moment dramatique, de panique, pour intervenir, tuer, décapiter, éventrer...
Il obéit aux ordres d'une puissance occulte, d'une personnalité froide et sans scrupules qui tire les fils de ses marionnettes : de petits humains persuadés d'être puissants qui font le pas vers un pacte infernal.
Derrière le Club Century se cachent des hommes d'argent, des savants, des intellectuels. Après plusieurs décès suspects où le symbole du Club vient signer quelques bains de sang, il est temps d'intervenir, d'enquêter. Mais comment agir devant une conspiration qui touche tous les étages d'une société pervertie. Il faut trouver des hommes sans peur, sans scrupules et décidés à affronter l'improbable !
Ils seront quatre à faire équipe, quatre aussi dangereux qu'incontrolables, quatre aux avis souvent divergeants !
Le Weird Enforcement Special Team est né, Dorison et Nury vont nous plonger dans une sorte de Mystères de l'Ouest insolites à la rencontre d'Incorruptibles aux règles expéditives et meurtrières. Ils nous offrent un thriller dans les États-Unis du début des années 1900, entre western et naissance de l'ère industrielle, une descente dans les arcanes de sociétés secrètes où la mort rôde avec une lourde odeur de souffre.
Rossi entre avec vigueur dans cet enfer en gestation, pour un premier album qui réussit à situer action et personnages, suspense et interrogations dans un découpage et des couleurs qui imposent ambiances et rythme !
W.E.S.T. est spectaculaire à souhait, intriguant par son côté thriller fantastique et passionnant par la diversité de ses acteurs.
W.E.S.T., une machine infernale est lancée !

(29/04/04) Fabrice Leduc

 
LES TECHNOPERES # 5 : la secte des Techo-évêques
Jodorowsky, Janjetov et Beltran
(Humanoïdes Associés)

Et oui, vous le savez, tout est techno ou paléo dans cette saga de Jodofiction.
Techopère, Paléo-dauphins, Paléo-Moïse, Pantechnos, Techno-Sœur, Technoscience, Techno-évêques, voire Techno-dessinateur avec Beltran.
Albino est devenu suprême technopère (!!!) et tient, tel un Paléo-Moïse à conduire 500 000 jeunes vers la galaxie Promise. En chemin, de vilaines comètes de feu joue d'un ballet infernal autour du Techno-Taxi (sic !!).Parmi tant d'autres pièges mortels et du haut de son immense techno-sagesse, Albino trouve les bonnes techno-solutions, sans qu'il n'y ait de techno-victimes à ces rencontres techno-terrifiantes !
Cela lui laisse tout de même le temps d'évoquer quelques paléo-souvenirs avec un certain Tinigrifi devenu Tinidragon (l'a pas eu la médaille en techno-chocolat, lui !).
Bref, Jodo continue de délirer sur une série sans véritable intérêt pour le fan de SF... j'ai même peur que beaucoup s'enfuient en disant : "C'est ça la SF ?".
Janjetov livre un dessin de la plus pure épure, même si on finit par oublier qu'il est là, tant le boulot de techno-Beltran prédomine.
C'est lisse, froid, parfois beau mais quasi illisible, même au 53e degré d'humour après la dernière techno-porte d'une galaxie bien éloignée du bonheur que fût l'Incal !...
A réserver à des Paléo-Fans!

(29/04/04) Fabrice Leduc

UNE EPATANTE AVENTURE DE JULES :
# 1 L'imparfait du futur
# 2 La réplique inattendue
# 3 Presque enterrés
# 4 Un départ précipité

Emile Bravo
(Dargaud)

En bande dessinée, trouver une série de SF pour adolescents, alliant à la perfection intelligence et humour, relève de la quête du Saint Graal aux dires de quelques esprits chagrins. Et pourtant !
Prépublié dans le mensuel Okapi, "Jules" fait partie de ces petites perles rares capables d'enthousiasmer les enfants ainsi que leurs parents.
Bâtissant ses scénarii sur des données scientifiques réelles (le voyage dans le temps, le clonage, la division cellulaire), Emile Bravo considère les adolescents pour ce qu'ils sont, à savoir des êtres curieux et demandeurs, plutôt que des mômes lobotomisés et starc'adamisés incapables de réflexion. Loin d'être ennuyeux, ses récits développent d'ambitieuses réflexions humanistes et ce, jamais au détriment de l'action toujours soutenue par d'étonnants rebondissements.
C'est un réel plaisir de suivre les aventures de Jules et de son amie Janet rencontrant aussi bien des aliens facétieux qu'un savant fou, un Capitaine Flam sur le retour, des abeilles géantes myopes ou encore des clones chipies.
Parents précipitez vous pour offrir à vos chères têtes blondes les quatre volumes déjà parus de "Jules". En plus de leur faire plaisir, vous flatterez leur intelligence.

(29/04/04) Diabolik

PINK PLANET
Olivier Vatine
(Delcourt)

Un Art Book, cela ressemble à un hommage !
C'est aussi l'occasion de se retourner et de voir l'évolution d'un artiste. Dans le monde de la bande dessinée, l'étendue de la palette artistique d'Olivier Vatine n'est plus à démontrer. Mais ce talent multiforme, il l'a utilisé bien au-delà du cadre du 9ième Art.
Pink Planet le démontre, le prouve, oui, O.V. a dépassé largement le cadre de la BD et n'a pas fini de nous épater car ça, on le souhaite !
Pink Planet définit son auteur comme un modèle de peintographe !
Car l'homme sait tout faire et l'entrée en matière regorgeant de Pin-Up montre toute la sensualité du trait, la souplesse, l'amusement permanent, cette douce chaleur lumineuse qui vient caresser les courbes voluptueuses.
Hommage à la féminité généreuse, à la jeunesse triomphante, aux minois fripons et aux caractères s'affichant entre délicatesse, langueur et sexualité affirmée.
Puis vient la SF, l'Imaginaire où les tendances de l'imagerie américaine et Star Warsienne se déclinent dans une profusion de pirates de l'espace, de guns démentiels, de poupées aussi sensuelles que dangereuses, de planètes en danger (tiens, Aquablue !!).
Les influencent sont nombreuses, l'homme semble venir de nulle part, sorte d'électron libre ayant absorbé le meilleur du manga, des comics et du savoir-faire européen.
Il dessine, répond à toutes sortes de sollicitations, fait du dessin animé comme concepteur de décors, du ciné comme story-boarder, de l'affiche, de la pub (Play Station), des couvertures (Science & Vie Junior, Bifrost, des titres SF en masse chez Degliame) un peu de Jeu de rôle (Casus Belli) …
Et oui, c'est un fouineur, un passionné, un touche-à-tout.
Et non, il ne pourra pas passer sa vie à dessiner Aquablue car il y a un moment où il faut que cela s'arrête pour aborder autre chose.
Et pourquoi pas un petit western… histoire de finir en beauté ?
Allez, Adios Palomita, ton mec est génial !!

Olivier Vatine est aussi directeur de collection chez Delcourt pour le label Série B, une autre façon d'aborder la SF et la grande aventure pour un lectorat le plus large possible.

(29/04/04) Fabrice Leduc


L'OEIL DE LA FORET
Tom Tirabosco
(Casterman)

Pouquoi revenir dans une maison de famille où vos parents ont vécu un drame horrible ?
Un brin de masochisme, la recherche d'une jeunesse étriquée et gâchée, la recherche d'une improbable catharsis ??
Cette vieille demeure a abrité un Ministre débordé et toujours absent, une femme délaissée par un homme dévoré par l'ambition politique et un gamin en recherche d'un père. Une riche propriété, un parc immense et des arbres aux sombres étirements fantômatiques.
Pour la petite fille qu'est Clara, peu importe ! Pourtant, au village, on parle de démons, de forêt hantée.
Elle aussi vit dans un couple qui connaît le doute et se distancie. Elle aime la solitude, le mystère et, très vite, cette forêt qui porte malheur avec des arbres semblant observer, guetter chaque mouvement.
Bientôt, les clés d'un secret enterré depuis 40 ans vont lui être données.
Elle découvre alors l'enfance de son propre père (fils d'un ancien Ministre!), d'une histoire d'amour entre une Française (une femme délaissée!) et un Algérien, d'un drame alors que l'Algérie connait ses grands déchirements avec la France.
L'arbre étend branches et feuilles entre ciel et terre mais parfois, le terrible fardeau courbe un de ses plus puissants atours : une malheureuse s'y est pendue car on lui a enlevé un batard, son enfant né d'un amour interdit.
Le dessin et les couleurs singulières de Tirabosco invitent au fantastique, même si son histoire perd au final cette formidable étrangeté. Les dialogues sont souvent splendides, les ambiances de nuit et d'ombres imposent le mystère, la peur là où ne sont souvent que branchages et arbres centenaires.
Un très beau livre, où les cicatrices de chaque homme et femme renvoient aux frustrations de l'enfance. Tous s'y perdront, sauf Clara qui ne comprend pas que les haines du passé donnent autant de graines de violence et d'incompréhension.
Petite fille, tu as encore à apprendre des hommes mais Tirabosco t'aidera à grandir avec toute sa sensibilité.

(29/04/04) Fabrice Leduc

MISTER GEORGE # 1
Rodolphe, Le Tendre & Labiano
(Le Lombard)

Le scoop d'une carrière pour la jeune journaliste Jennifer Lee. Elle en est certaine, ce garagiste de la petite ville américaine de Selby est George Valentine, ce fanatique prêcheur qui envoya dans la purification par les flammes douze personnes, laissa neuf brûlés au troisième degré et six mineurs en asile !!
Un délire qui devait le mener à la chaise électrique… Mais qui peut prouver sa mort ? Très vite, Jennifer se fait à l'idée que George Price est ce tueur fou. Elle est encore loin du compte. Nous aussi !
De son côté, George Price se pose des questions depuis son opération du cerveau. Pourquoi cette vie lui paraît-elle si étrangère, pourquoi des sensations l'envahissent-elles à contrario de sa vie pépère ?
Sa femme, son beau-père médecin, le jardinier du village… en fait ne sont que des potiches, des barbouzes employés à le mener là où un beau complot doit l'utiliser.
Oui, George sait maintenant qu'on le trompe. Problème, il ne sait toujours pas qui il est vraiment. Le cerveau d'un homme incomparable pour l'État américain dans le corps d'un assassin. C'est probable ! Mais la doublette de scénaristes que sont Rodolphe et Le Tendre saura bien nous mener par le bout du nez.
Labiano, lui, nous refait le coup de son excellente série "Dixie Road", avec un coup de crayon vivant et souple qui devrait le mener vers un thriller à succès qui débute dans des ambiances du meilleur d'un William Irish.
Cette série attirera les fans de polars, de faux-semblants et manipulations à très vaste échelle. Et tout bonnement les amateurs de bonne BD.

(29/04/04) Fabrice Leduc

RAPACES IV
Jean Dufaux et Enrico Marini
(Dargaud)

Final de ce premier cycle à succès mettant en scène des vampires des temps modernes, le quatrième épisode de Rapaces risque de provoquer une légère déception pour ceux qui attendaient impatiemment le dénouement. Car si le trait de Marini est toujours aussi élégant et sa mise en couleur une fois de plus maîtrisée, on ne peut s'empêcher de constater un léger manque de rigueur peut-être due à la lassitude.
La séquence d'ouverture en est la preuve.
Curieusement, ce quatrième volume commence donc par une séquence action mal maîtrisée et brouillonne. Marini étant un dessinateur d'exception, la déception n'en est que plus grande. Lassé de Rapaces, monsieur Marini ?
Si le dessin parait parfois le laisser croire, il en est de même pour le scénario. Là où deux albums semblaient nécessaires pour clore cette série, le lecteur n'en découvrira qu'un. Et c'est bien dommage tant l'histoire en pâti. En 60 planches, Dufaux et Marini scellent le destin de Drago et Camilla et n'oublient surtout pas d'installer les bases d'un nouveau cycle dont Aznar Akéba (fils de Drago) et Vicky Lénore (amante de Camilla) seront les héros.
On se posera une question : Marini sera-t-il alors encore au dessin ? Rien n'est moins certain tant il semble s'être rapidement débarrassé de la série.
Malgré ce quatrième épisode frustrant, Rapaces est une série hautement recommandable. Les retardataires auront même le plaisir de découvrir chez leur libraire un coffret de cinq emplacements regroupant les 4 épisodes et laissant la place à ce qui pourrait être un hors-série. Et un cinquième épisode, n'était ce pas plus judicieux !?

(29/04/04) Diabolik

L'HISTOIRE DE SILOE # 2 : Temps mort
Servain et le Tendre
(Delcourt)

"Suite aux conditions traumatisantes de sa naissance, Siloë a développé un monde intérieur morbide et ravageur... un monde cannibale."
Siloë est en fuite alors que Washington annonce la fin du réseau terroriste à l'origine des attaques de psybombes (voir le tome 1 "Psybombe", primé lors des premières Utopiales à Nantes). L'enfant surdoué, celle dont on ne connaît même pas l'étendue des pouvoirs psychiques a quitté sa prison laboratoire. Mais la vie dehors réserve de très mauvaises surprises et ce n'est pas un mobilo du Consortium qui va effrayer quelques abonnés au ban de la société.
Vite Siloë est enlevée, Siloë se retrouve sans son père... peur, peur... et ces ombres volantes qui rongent, rongent, rong..., ro...
La jeune fille, encore traumatisée par l'absence de sa mère, effarée par les visions qui l'assaillent, court la rue avec un clone alors que les prêtres de l'Église essenienne, son père, toutes les forces du Consortium et de l'État la pourchassent. Qui pour la sauver, qui pour l'utiliser !
Alors, les pouvoirs de Siloë éclatent au grand jour... terrifiants!
Celui qui la trouvera sait maintenant qu'il aura également une arme de feu sans pareil et le monde dans sa main!...
Le second épisode de cette série ne déçoit pas, bien au contraire! Le Tendre joue entre sensibilité, schizophrénie et violence, perpétuant la mise en scène d'un monde qui, en cherchant le pouvoir à tout prix, flirte avec le feu d'une apocalypse prévisible.
L'homme aime à jouer à l'apprenti-sorcier, adore se faire griller les ailes, espérant que pendant la chute, il aura le temps d'apprendre à voler !
Voilà 72 pages d'un vrai régal pour tout amateur de science-fiction, d'une anticipation intelligente remarquablement servie par un découpage rigoureux et une ligne dynamique aux soubressauts incessants.
Danger, poésie, violence et tendresse. Du grand art.

(29/04/04) Fabrice Leduc

CHONIQUES DE LA LUNE NOIRE # 11 : Ave Tenebrae
Froideval et Pontet
(Dargaud)

Autant le dire tout de suite, si vous n'êtes pas déjà un aficionado de cette longue série d'Héroïc Fantasy, vous risquez d'être plutôt désagréablement surpris.
Un dessin manquant singulièrement de rigueur balafré par une mise en couleur criarde martyrisera vos petits yeux de non initié.
Pour le scénario, rien de nouveau au pays des barbares hargneux et des dieux capricieux.
Mais quelle valeur peut avoir l'opinion de l'hérétique que je suis face au culte voué par les disciples. Cette série perdure grâce à leur indéfectible fidélité et c'est sans doute le plus beau cadeau qu'ils peuvent lui offrir.
Alors, si les dix premiers épisodes de Chroniques de la Lune Noire trônent fièrement sur votre étagère Ikéa quelque peu branlante et assurément poussiéreuse, n'hésitez pas, ce onzième opus vous ravira.
Par contre, si vous ne connaissez pas cet univers, allez traîner du côté de chez votre libraire et parcourez l'ouvrage. Il est parfois bon de goûter du bout de la langue avant de croquer goulûment.
Ah, n'est pas Druillet qui veut !

(29/04/04) Diabolik

LES SEIGNEURS D'AGARTHA # 1 : la dette

Scénario : Isabelle Plongeon
Dessin : Philippe Briones
Couleurs : Stéphane Paitreau

Editeur : SOLEIL
46p., 12,50 euros

Steve ne boite plus, conséquence de sa participation à une mystérieuse cérémonie mais ce qu'il ignore, c'est qu'en échange, il va devoir sacrifier un membre de sa famille.
Cela pourrait n'être qu'une banale histoire de sorcellerie mais très vite le mystère se développe. Les scènes du présent, du passé, du récit et du rêve se succèdent et s'entremêlent jusqu'au dénouement.
Félicitons au passage le coloriste qui a réussi à établir une atmosphère différente en utilisant des teintes adaptées à chaque type de scène.

(30/04/03) Damien Dhondt

 

 
ZOULOULAND # 17 : les Boers

Scénario/dessin : Ramaïoli
Couleurs : Jocelyne Charrance

Editeur : SOLEIL
45p., 12,50 euros

1890 : l'Empire zoulou a fini par s'effondrer sous les coups de l'armée britannique. Après seize tomes, on aurait pu croire que John Dundee comme Kevin Stuart auraient pu mener une vie paisible. Mais tout au Nord, au Transvaal, les Boers s'agitent et par conséquent l'armée de Sa Majesté également..
Une fois de plus Ramaïoli a choisi de plonger les héros dans les évènements militaires. Le Transvaal est bien loin de leur champ d'activité et d'ailleurs, les héros passent de longues pages à discuter de leur implication dans ce conflit qui annonce le grand conflit de la guerre des Boers en 1899. Une fois de plus, l'auteur nous donne l'occasion de découvrir sa connaissance de l'histoire militaire accentuée par le dessin. Ainsi au cours des combats, on observe que la plupart des victimes anglaises portent leur tenue rouge vif (ce qui en fait des parfaites cibles, conformément à la doctrine de la fin du XIX° siècle), alors que sont relativement épargnées les troupes portant un uniforme nouveau d'une teinte destinée à se généraliser et à laquelle on vient de donner le nom de kaki.

(30/04/03) Damien Dhondt

 

EPOXY

Scénario : Jean Van Hamme
Dessins : Paul Cuvelier

Editeur : LOMBARD (Coll. Signé)
couleurs, grand format, 80 p., 11,30 euros

Quand une jeune femme moderne se retrouve en Grèce mythologique, les ennuis commencent, pour elle comme pour la Grèce. Confrontée aux Amazones, aux Héros légendaires, aux créatures mythologiques et même aux Dieux, la belle Epoxy va vivre une série d'aventures mettant en danger sa vie comme sa vertu. Passant de la soumission à la rebellion, ballottée par les évènements comme par ses instincts, elle va passer de bras en bras, de ceux de la reine des Amazones à ceux d'Hermès, en passant par Thésée et bien d'autres, nous permettant de découvrir le monde de la mythologie sous un jour nouveau.
La toute première bande-dessinée de Van Hamme (1) est née d'une idée toute simple concernant la mythologie grecque "c'est parfait, ils sont nus tout le temps et cela n'aura pas un coté graveleux" (2). De ce fait les aventures d'Epoxy sont servies par un érotisme un peu trop évident (règle n°1 pour l'héroïne : toujours perdre ses vêtements, règle n°2 : ne pas faire beaucoup d'efforts pour en retrouver) avec des dessins osés, du moins du maximum qu'il était permis dans les années 60. Mais il convient de ne pas se limiter à cet aspect de l'œuvre. Certes la couverture de cette édition nous présente une vue de la plastique de l'héroïne mais précisons que les précédentes étaient plus mythologiques. Van Hamme s'est en effet avisé que bon nombre des personnages et des créatures de la mythologie étaient des plus intéressants à exploiter, surtout dans leur potentiel tragique. En effet Epoxy se fraie un chemin au milieu de corps dénudés mais aussi de cadavres. La vie voisine étroitement avec la mort, annonçant ainsi les innombrables morts brutales qui vont parsemer l'oeuvre de Van Hamme. Ceci est particulièrement significatif dans la visite aux enfers : un bref passage aux Champs Elysées et on part pour le Tartare. Les enfers ne sont-ils pas comme la vie ?

(1): la première édition date de 1968
(2) cf. Van Hamme, itinéraire d'un enfant doué. Entretiens avec Frédéric Niffle


(30/03/03) Damien Dhondt

 

Les Abimes du Temps
Rodolphe & Mounier

T1 Dock 21
T2 Je suis un autre
T3 La maison du docteur Boogie
T4 La colline aux yeux de Buick
T4 La marque de Jeffrey

 

Les éditions Albin Michel viennent de rééditer l’ensemble de la série Dock 21 (publiée chez Dargaud) sous le titre Les Abimes du Temps.

5 albums nous renvoient vers les affres vécues par Jack Foster, un homme à la vie paisible qui subitement va connaître d’étranges malaises accompagnés de visions. Dans ces visions, il se voit transporté dans le passé, revivant les malheurs de John Wilcroft, personnage qu’il ne connaît pas, qui va retrouver Mary, sa femme pendue au fond de l’insalubre bâtiment du Dock 21. Ce passé ne lui appartient pas et pourtant, au fil de ses visites, Jack sait comme s’il les avait déjà vécu, la teneur des événements qu’il va aborder ! D’autres “délires” lui feront partager les vies de Jérémy, mort à 12 ans ou de Jeffrey Hunter, décédé il y a deux siècles.

Comme si cela ne suffisait pas, quand il redevient Jack Foster, des tueurs tentent plusieurs fois de l’éliminer alors qu’au contraire, dans l’ombre, deux hommes le suivent pour le protéger.

Les morts encombrent la fuite d’un homme qui tend vers la folie... bientôt, c’est aussi la police qu’il a sur le dos. Le “fugitif” n’est pas au bout de ses surprises.

Les lecteurs non plus, car cet excellent thriller autrefois abandonné par Rodolphe et Mounier repartira de son final très ouvert pour de nouvelles révélations sur l’étrange cas Jack Foster. Ce sera en avril, nous pénétrerons alors dans La Maison truquée et ce dès le mois d’avril.

 
Fab (27 mars 2003)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Caroline Baldwin T9 : Rendez-vous à Katmandou 
André Taymans
Casterman

 

Casterman aime beaucoup Caroline Baldwin (nous aussi!) au point de relancer cette collection par l’édition de deux coffrets contenant chacun deux albums.

Rouge piscine (T3) et La dernière danse (T4) pour le premier, Raison d’état (T7) et La lagune (T8) pour le second.

Ces coffrets sont au nombre de 1250 exemplaires, chacun accompagné d’un dessin inédit numéroté et signé par André Taymans.

Une très jolie façon de pénétrer dans la nouvelle collection Ligne Rouge de l’éditeur.

Affaire à suivre dans Rendez-vous à Katmandou pour retrouver notre héroïne en bien mauvais état, mêlée à une surprenante aventure liée au célèbre crash de Roswell. Les petits gris ne sont pas loin et un curieux anneau d’un alliage totalement inconnu sur terre va mener au meurtre et mettre les agences de renseignements américaines sur les dents.

Incontrôlable, têtue, Caroline mènera cette affaire au mieux de ses intérêts, seule face contre tous et avec beaucoup d’astuce.

Une série toujours dynamique avec une Caroline décidément invariablement incorruptible et une ligne claire directement venue de Belgique !

Fab (27 mars 2003)

LA GESTE DES CHEVALIERS DRAGONS T.1 : Jaïna

Scénario : Ange
Dessin :Alberto Varanda
Couleurs : Delphine Rieu
Editeur : SOLEIL
64 pages - janvier 2003

 

Seules deux vierges peuvent approcher le Dragon pour le tuer. Seules deux vierges peuvent traverser le fétide Veill sans craindre de voir leur chair pourrir pour donner quelque créature horrible soumise à la bête. Le chaos s’installe et approche dangereusement des cités, instillant la peur, l’effroi parmi le peuple comme parmi prêtres, sorciers et rois. Beaucoup lui ont déjà payé un terrible écot, perdant leur chair, leur vie, leur âme ! Seules Jaïna et son écuyère peuvent aller affronter le Dragon.

Voilà presque 5 ans que ce scénario d’Ange bâti sur mesures pour le trait rond et longiligne d’Alberto Varanda attendait de vivre sa suite. Les éditions SOLEIL ressortent ce brillant hommage à la Dark Fantasy, modifiant couverture, ajoutant de superbes pages de présentation et un cahier de crayonnés magnifique qui ravira les nombreux fans du dessinateur.

Alors, redécouvrir "La Geste des Chevaliers Dragons" vaut-il le coup ? Oui, c’est incontestable, grâce surtout à la très bonne remise en couleur réalisée par Delphine Rieu. Les planches ont gagné en douceur, finis les rouges ou les verts trop agressifs, tout est plus cohérent et l’ensemble donne beaucoup plus envie de pénétrer en ces lieux de charme et d’épouvante. Merci donc pour ce très beau travail. La Geste reprend vie... Comme les auteurs, beaucoup de lecteurs auront envie de remercier un éditeur très inspiré sur ce coup !

Fab (29 mars 2003)

Sanctuaires T2 : Le puits des abîmes 
Xavier Dorison & Christophe Bec 
Humanoïdes Associés

 

Depuis son échouage au fin fond d’une fosse abyssale, le sous-marin américain USS Nebraska est le théâtre d’actes de démences. Les crises de folie souvent liées à des hallucinations font autant de morts que les bacilles de peste qui emportent plusieurs marins. Dans le Sanctuaire millénaire, une force diabolique sème aussi l’horreur près des équipes parties en exploration... La mort, la peur, la folie vont mener le groupe du sous-marin vers des solutions impossibles où il est clair que tous ne survivront pas. Ils doivent faire face à leurs démons intérieurs, alors que dans le sanctuaire, des hommes incrédules découvrent l’immense salle de sacrifice où les Ougarits ont préféré éteindre à jamais leur civilisation. Car “ face à lui, la mort n’est plus un châtiment… ”

Passionnant et angoissant, ce second tome est un vrai bonheur de maîtrise entre une histoire envoûtante  et une réalisation graphique saisissante. Un grand moment de fantastique.

Fab (27 mars 2003)

Arthur T5 : Drystan er Esyllt
David Chauvel & Jérôme Lereculey
Delcourt

 

Belle histoire d’amour pour le tome 5 d’Arthur. La série de Chauvel et Lereculey s’évade un peu pour donner un titre qui peut se lire indépendamment des 4 premiers. La fresque est toujours contée par un Chauvel toujours très respectueux des sources qu’il a compilées sur le célèbre mythe celtique, ce qui ne manque pas de laisser une impression de rigidité à l’ensemble, mais le dessin prend une dimension encore plus exceptionnelle. Les scènes de combat avec les dragons sont tout bonnement ahurissantes et cette célèbre ré interprétation d’une universelle histoire d’amour aboutit au plus bel album de la série.

Jérôme Lereculey progresse à une telle vitesse qu’on peut s’attendre dans un proche avenir à quelques œuvres encore plus retentissantes. Il lui faudra d’abord boucler cette saga d’Arthur, fort intéressante, mais toujours un peu trop didactique à mon goût. 

Cet album reste néanmoins remarquable.

A noter que la librairie BD Flash prépare un tirage de tête de cet album (500 ex.) pour mieux apprécier le superbe trait de Lereculey et qu’elle a déjà produit un splendide  port-folio (999 ex.) où l’auteur explore cet univers sauvage.

Renseignements sur le site de la librairie maintenant installée à Rambouillet.

Fab (27 mars 2003)

Banquise
Sylvain Ricard & Christophe Gaultier
Soleil

 

Fantastique encore pour saluer la naissance de Latitudes chez l’éditeur sudiste Soleil, une collection pour privilégier les récits longs en un seul album (80 pages) et ce, dans un très grand format.

Sur ces 80 pages, Ricard et Gaultier racontent une féroce partie de chasse sur la Banquise. Débarqués d’un brise-glace pour leur extravagante conduite, pour ne dire pire, des aventuriers sans foi ni loi s’élance sur l’immense étendue de glace pour épancher leur soif de massacre. Tout être vivant sera bon pour leur tableau de chasse, loups, pingouins, ours ou albatros, qu’importe pourvu que le sang coule ! Mais les animaux du froid n’agissent pas normalement, ils sont protégés par une chaman qui n’hésite pas à les lancer au combat. La lutte sera affreuse entre ces affreux, sales et méchants et une sorcière qui, parfois, n’hésite pas à sacrifier ceux qu’elle a juré de protéger.

Dans ce style qui caractérise la nouvelle BD (type Poisson-pilote chez Dargaud), l’histoire est cruelle et sans concession. Les barbares seront vaincus (plutôt massacrés!), mais le final vous surprendra. Une belle première.

Fab (27 mars 2003)

Tonnerre rampant 
Eric Liberge
Soleil

 

Tonnerre rampant d’Eric Liberge fait partie des deux albums (voir Banquises de Ricard & Gaultier) du lancement de la collection Latitudes chez Soleil.

Dans un style très déroutant, le dessin épousant les capacités de l’informatique, Liberge utilise ce grand et libre espace qu’offre Latitudes pour séduire par l’image, une mise en pages au découpage complexe, mais aussi le texte, multipliant les expériences pour donner des ambiances nouvelles à sa mise en scène.

L’histoire nous plonge au XVIIe dans un prieuré où les esprits frappeurs empoisonnent la vie du révérend qui y loge avec sa famille. Depuis des siècles, un amour impie, un amour délaissé, un amour sacrifié puis martyrisé demande secours. Un chevalier, une nonne superbe, l’opprobre, la solitude, puis la claustration… Le temps a passé, mais en ces murs pleurent des yeux innocents et, parfois, se déchaine la tempête pour qu’enfin quelqu’un vienne la délivrer.

S’il n’est pas évident de pénétrer en cet album, un peu d’obstination sera salutaire.

Les ambiances sont obsédantes, on pense à Lovecraft, Poe et on frissonne de plaisir, en observateur hypnotisé par la force de l’œuvre.

Fab (27 mars 2003)

La Jungle en folie : Intégrale T4
Mic Delinx & Christian Godard
Dargaud

 

Ce début d’année 2003 a vu la disparition de Mic Delinx à l’âge de 72 ans.

Celui qui s’appelait en fait Michel Houdelinckx s’est fait connaître avec le monde de La Jungle en folie. Une série débutée en 1969  dans Pif, avec son complice Christian Godard au scénario, qui va mettre en avant un dessin tout en rondeur et un efficace dessinateur animalier.

Les éditions Dargaud ont débuté l’Intégrale des aventures de Joe, le tigre qui raffole des pommes, de Potame, médecin à tout faire et psychologue “ redoutable ”, de Mortimer, incontournable serpent à sornettes, d’Auguste, le crocodile amateur de poésie et des pies bavardes qui commentent chaque gag de ces animaux à l’image de l’évolution délirante de la société humaine.

Cinq gros volumes salueront ainsi le talent d’un dessinateur qui aimait les bons mots et le non-sens.

Fab (27 mars 2003)

 
Machefer T2 : Le désert des carcasses
Sébastien Vastra & Fred Duval
Vents d’Ouest

 

50° à l’ombre… Mais y’a pas d’ombre !

Le ton est donné, Machefer retrouve Bothrops pour une affaire qui s’annonce juteuse : une mine d’armes de hautes technologies abandonnées en plein désert des carcasses. Dans cet univers à la Mad Max, voilà de quoi s’assurer protection et pognon. Seulement, le marshall Gibson et sa bande sont aussi dans le coup, et ça, c’était pas prévu !.

Humour baraqué pour fans de grosses cylindrées trafiquées dans un désert de fin de monde, voilà que déboule Machefer pour sa seconde aventure.

Bastons et folles poursuites dans des véhicules hallucinants, jolies pépés et ambiance western pour ce cocktail explosif et survitaminé imaginé par Duval et dynamiquement customisé par Vastra. Sans avoir réinventé la poudre, voilà une BD qui sent terriblement la nitro ! 

Fab (27 mars 2003)

Lili & Winker T2 : Le labo
Boivin & Chauvel
Delcourt

 

Boivin au crayon, Chauvel aux idées mauvaises comme des jours d’attentat, cela donne Lili & Winker, deux sales gamins plus mauvais que le pire rejeton de Ben Laden (ou de Bush... au choix!). Foutre le bordel et générer les pires calamités sont leur seule raison de vivre. Noir, explosif, délirant et gore. Allez vite les rejoindre dans Le labo où vous comprendrez vite les dangers du clonage!!                             

Fab (mars 2003)

Le Roman de Malemort T4 : Lorsque vient la nuit
Eric Stalner
Glénat

 

Un coffret, 3 ex-libris montrant les étapes qui vont du crayonné à la couleur, en passant par l’encrage, plus un marque-page, voilà l’excellente  idée qu’ont eue les éditions Glénat pour la sortie de ce quatrième album du Roman de Malemort d’Eric Stalner.

Que faire pour sauver un vampire de son lien de sang ? C’est la question que se pose Anthéa, prête à tout pour sauver Messire Colbus. Retrouver Joachim de Peyrac sera peut-être la solution pour le tirer de la nuit et le rapprocher de la belle, jeune fille aussi lumineuse qu’entêtée et un brin amoureuse.

Le dessin, les décors, les ambiances (sous la pluie, dans les marais...) de Stalner sont magnifiques, dans un style très réaliste qu’épousent à merveille les couleurs de Chagnaud. C’est aussi classique que c’est beau !

Fab (mars 2003)

 
La bête
Chabouté
Vents d’Ouest

 

Chabouté aime le fantastique et les gros albums en noir et blanc. Il aime aussi les coins retirés, isolés, où traînent de vieilles légendes morbides. Avec La bête, il nous entraîne dans un hameau coupé du monde par la neige. La peur s’y est installée depuis que plusieurs cadavres atrocement mutilés y ont été retrouvés. Les langues dérapent, l’alcool embrume les esprits, les fusils vont bientôt parler...

Face à une vengeance enracinée dans le passé, ils ne pourront rien faire !

Voilà du Chabouté comme on aimait Comès, avec des personnages atypiques, des tronches plus vraies que nature et des dialogues incisifs. Les ambiances sont lourdes et oppressantes, les relations humaines sont étranges, comme hors du temps…

Chabouté a trouvé un nouveau lieu de mystère, dans ces paysages enneigés qui créent l’isolement, pour souvent laisser place à des peurs irrationnelles.

Malgré un final assez classique (au niveau du fantastique), l’album est original et très agréable à lire. Comme quoi ce Chabouté  à décidément un grand talent 

Fab (mars 2003)

La Fille du Bourreau
Juan et Gabriel Bobillo, Marcelo Sosa
Albin Michel

 

Attention, les têtes vont rouler… Inutile d’aller plus loin que la couverture de l’album pour imaginer le total délire qui nous attend en son sein! Les présentations des étonnants et drôles de personnages que sont Anita et son fidèle “ destrier ” nommé Bouchon nous mettent immédiatement au diapason d’une aventure loufoque. Anita est une ex-danseuse devenue exécutrice de démons, grande faucheuse de têtes pour sauver celle de son père ex-grand bourreau officiel voué aux tourments de l’enfer. Du délire avec un grand D même si le scénario de Gabriel Bobillo se développe avec quelques chaos que s’empresse de corriger son frère Juan d’un graphisme sidérant de facilité et de limpidité.

Cette fille du bourreau réserve plus d’une surprise, alliage d’humour noir, de non-sens et d’une fâcheuse manie à couper toutes sortes de têtes possibles et imaginables. Aux portes de l’Enfer, Anita s’en tirera d’une surprenante pirouette, alors que son splendide bourrin connaîtra enfin la légèreté de la liberté.

Un beau moment de déjante souvent très jubilatoire…

Fab (mars 2003)

Morgana T1 : La porte du Ciel
Enoch & Alberti
Humanoïdes Associés

 

Entrons par le seuil de cette Fantasy que l’on nous sert à toutes les sauces pour saluer l’excellent Morgana des Italiens Enoch et Alberti. A l’image de la superbe série Le fléau des Dieux (Soleil), Voorth et Morgana s’affrontent entre technologies de l’Empire stellaire dont ils viennent et médiévalité du monde où ils guerroient entre deux clans, pour posséder l’Arcane. Entre Sieth et Tromaks, le siège de la ville de Deneth Skaag va déterminer le vainqueur. Les Sieth sont au bord du gouffre, mais l’Arcane les protège des assauts terrifiants d’ennemis qui abordent leur dernière conquête. Autrefois amis d’enfance, Morgana et Voorth bataillent avec d’autres armes, pour leurs maîtres, mais aussi pour une fracture dans leurs vies, autrefois…

Derrière une couverture assez moyenne débute une superbe aventure où se nichent de nombreux échos à la Science-Fiction. L’œuvre hybride est un habile mélange des genres et l’excellence du dessin fait de La porte du ciel un très bon premier album. Bien sûr, c’est la mise en place d’un univers complexe, les avis en seront d’autant plus partagés, mais les deux Italiens ont tant de portes à pouvoir entrouvrir qu’on peut s’attendre à de magnifiques surprises. Cet album est déjà d’une agréable lecture et laisse tant d’espoirs que les lecteurs désabusés par cette fantasy niaiseuse qui coule à grands flots vers les solderies doivent soutenir Morgana. Interdit aux auteurs de nous décevoir !

Fab (mars 2003)

Aberzen T1 & T2
Commencer par mourir
Plusieurs noms pour le bleu 
Marc N’Guessan & Gibelin
Soleil

 

Étonnant, voire déconcertant, est le monde d’Aberzen imaginé par Marc N’Guessan.

Un groupe véritablement hétéroclite sur une terre invraisemblable, des monstres, des mutations et des passages entre les mondes. Certains ont connu la mort et pourtant sont bien en vie, d’autres mourront pour une autre renaissance, ailleurs, pour s’éloigner de l’ennemi, êtres arachnides faits de carapaces et de pinces, multiples dangers aux formes si étranges. On ne sait d’où chacun est issu, mais l’ennemi est commun, que ce soit au fond des mines ou au pays des bleus. Un ennemi également énigmatique que, parfois il faut rejoindre, contraints par la mutation qui emporte à jamais l’ancienne enveloppe corporelle. Combattre, sans réellement voir d’issue, Aberzen et ses amis s’échappent s’en savoir où ils se trouveront demain.

Situé au carrefour de la SF et de la Fantasy, l’univers imaginé par N’Guessan est vraiment original, parfois même difficile à appréhender, mais l’ensemble, parsemé de pointes d’humour croisant de cruelles réalités, a un style bien affirmé et des couleurs bien dosées par Christophe. Gibelin.

A aborder avec Commencer par mourir (T1) avant de découvrir Plusieurs noms pour le bleu (T2) et bientôt Au-delà des mers sèches (T3 actuellement prépublié dans le mensuel Lanfeust Mag des éditions Soleil.

Fab (mars 2003)

 

 

Le Psychopompe 
Gabriel Delmas
Delcourt

 

Monstres et enfer, le plus noir des albums du genre est paru chez Delcourt .

Le Psychopompe est un véritable cauchemar visuel, immense dédale d’où ne pointe aucune lumière. Spécialiste de démonologie et de satanisme, Gabriel Delmas signe une œuvre aussi dérangeante qu’hermétique, dans le sens où il est fort difficile de plonger en ses abymes glauques. L’évangile de l’archidémon des Hurles s’ouvre aux apprentis démons qui auraient une messe noire à préparer !

Fab (mars 2003)

Le vol du corbeau T1
Gibrat
Dupuis

 

 Superbe et délicate jeune femme que Jeanne, nouvelle héroïne de l’univers que Gibrat a engendré avec le Sursis. Dans la France de l’Occupation, Le vol du corbeau (T1) prend son envol sur les toits de Paris, une nuit de bombardement que mettent à profit Jeanne et François pour s’échapper de prison. Les Américains sont en Normandie, les boches sur les dents et Jeanne recherchée pour résistance. Fuir avec un cambrioleur ne la réjouit pas, mais le monte-en-l’air à une planque sur une péniche qui lui donnera un peu de répit...

Dialogues, scénario, dessin, décors, couleurs, tout ici est remarquable. Gibrat nous régale à nouveau dans cet univers de l’Occupation pour donner un nouveau bijou à Aire libre !.

Sa promenade nocturne sur les toits de Paris est tout bonnement splendide. On en redemande… le second album sera attendu comme jamais!              

Fab (mars 2003)

Moréa T2 : L’échine du dragon
Christophe Arleston & Thierry Labrosse
Soleil

 

Parmi toutes ces jolies femmes qui envahissent la bande dessinée contemporaine, j’avais un peu oublié le retour de la splendide Moréa dans L’Échine du dragon, pour la 2e étape des aventures de la richissime immortelle. L’anticipation prend largement le pas sur le fantastique dans des événements imaginés par Arleston à grand renfort de bastons du type Le 5e élément sur un sol américain devenu aussi protectionniste que fasciste (comme quoi certaines projections sont faciles à imaginer). De Cuba, devenue capitale du monde économique, elle part avec Terkio, autre Immortel pour entrer illégalement aux USA. Son but : retrouver une bactérie qu’on lui a volé, une bactérie qui pourrait permettre la terraformation de Mars. Il y a de l’Ange là-dessous, nos deux Dragons le pressentent ! Leur séjour aux States ne sera pas de tout repos, avec un final qui décolle vers les étoiles. Moréa aussi va connaître l’ivresse de l’espace (elle va peut-être y retrouver Lanfeust?).

Vous vouliez de l’action, ici c’est service optimal. L’album est ultra dynamique et magnifiquement dessiné par Labrosse. Une très bonne série B qui doit néanmoins nous en donner un peu plus sur la relation Anges/Dragons, en espérant ne pas devoir attendre plus de deux ans pour le tome 3 !

Fab (mars 2003)

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