Arq
(T6) Réveil
Andreas
Delcourt
Capricorne
(T6)
Attaques
Andreas
Le Lombard
L’ambition est un
mot qui ne manque pas au vocabulaire d’Andreas, tant son œuvre est complexe
(parfois, il est même bien difficile de suivre!), tant ses recherches
graphiques sont innovatrices.
Avec Arq, il
ne cesse d’expérimenter, multipliant les pistes narratives avec cinq
personnages dissemblables propulsés sur ce qu’ils croient être une planète
nouvelle et qui est en fait le corps d’un être vivant. Ils découvrent,
manipulent, sont manipulés... et ceux qui observent l’être étrange se
jouent également un ballet incessant autour du pouvoir. Le Pentagone, la CIA,
une compagnie militaire et un groupe paramilitaire s’activent autour du centre
de recherches White Dust et de l’énigmatique
scientifique qu’est Gilpatric.
Pour Arq, il
est l’heure du Réveil, l’être va recouvrer sa liberté pendant que
cinq humains perçoivent en lui quelques morceaux de son incroyable complexité.
Ce sixième épisode
paraîtra frustrant car peu de choses semblent avancer, Andreas ayant choisi de
pousser quelque peu chaque ligne narrative. Comme elles sont en abondance et
toutes sources d’éléments extraordinaires, on semble faire du surplace alors
que beaucoup de nouveautés sont présentées. Cela finit d’ailleurs par
donner un peu le vertige tant l’univers d’Arq est ouvert et propice
à beaucoup d’autres extravagances. Un vertige bien sûr entretenu par les
incroyables facéties graphiques que se permet l’auteur, adepte au long cour
de la destructuration de la page, il joue de cadrages et de découpages variés,
raconte autant par le verbe, que par le signe ou la couleur.
Cet album
vient ajouter une pierre de plus à l’effort fourni par Andreas pour
donner à la bande dessinée une autre réalité que celle de l’économie de
marché tournée vers le premier degré. Le monde d’Arq est fascinant,
baroque et vraiment très perturbant.
Ne croyez pas que
celui de Capricorne l’est moins. Bien au contraire. Beaucoup de
lecteurs ont reconnu des difficultés pour comprendre le tome 6, Attaques,
de la série ! Qu’ils se réjouissent, Le dragon bleu leur réserve
quelques subtilités à entortiller les méninges ! L’énigmatique
organisation dénommée “ le concept ” avance ses pions sur la
planète. Tous les continents doivent faire face à l’invasion fasciste. On
emprisonne, brûles les livres, violente... Pour y résister, même Mordor Gott
tentera une alliance avec l’ennemi de toujours, Capricorne. L’astrologue-détective
etant interné, c’est avec Ash Grey et Astor qu’il doit chercher à
atteindre la tête du complot. Une enquête qui les mènera dans la bibliothèque
où se terre une monstrueuse menace : le Dragon bleu. L’abîme et
l’éternité vont alors devoir s’affronter ! Mordor Gott et Capricorne
vont vivre un nouveau combat.
Si Andreas se montre
plus direct dans la narration de ce thriller fantastique par rapport à Arq,
il faut encore lui reconnaître ce formidable pouvoir de création tant dans
l’histoire qu’il malaxe à loisir, torturant sans cesse l’esprit du
lecteur aux sens toujours en éveil que dans le découpage d’un album
toutefois moins “ expérimental ” une fois encore qu’Arq.
En fait, Andreas
n’est jamais où on l’attend. Pourquoi ? Simplement parce qu’il ne
fait jamais ce que l’on anticipe ! C’est bien là une de ses
exceptionnelles qualités.
Plus facile d’accès
que son prédécesseur, Le Dragon bleu jouit d’une dynamique assez
impressionnante, réservant quelques pages que les maniaques de techniques
graphiques vont pouvoir admirer à loisir. Au pays de l’étrange, Andreas est
bien un magicien de génie !...
Fabrice Leduc |