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La lecture des ruines
David B.
Dupuis

 

Découvrir un livre signé David B. est devenu un moment d'intense aspiration au plaisir. On souhaite être surpris, dérouté, conquis. La lecture des ruines qu'il nous offre dans la collection Aire-Libre chez Dupuis ne loupe pas cet objectif. Renouant après d'illustres prédécesseurs (on pense à Tardi) avec les horreurs de la Grande Guerre, il nous entraîne sur les pas de Jan Van Meer, un agent employé par les services secrets pour rechercher l'ingénieur Hellequin, l'inventeur du Canon à Rêves, du barbelé végétal, des Hommes de Terre (fabriqués à partir de pommes de terre)... Il faut le chercher, mais pas le trouver, car Van Meer doit servir à promener les espions allemands pendant que les alliés s'occuperont des affaires importantes de la Guerre ? Mais Hellequin apparaît et disparaît à sa guise, créant un sacré bordel dans les plans des belligérants qui craignent tout de même ses étranges créations et sa faculté à lire les ruines. Il lit les maisons dévastées, les tranchées éventrées, les corps mutilés, les blessures béantes. Folkloriste réputé sur les sujets de guerre, Van Meer tombe sous le charme de l'ingénieur, de Mina, l'espionne ennemie, frôle plusieurs fois la mort, atteignant presque le pays du Non-où !

Ce livre est d'une incroyable richesse, d'une imagination folle et d'une férocité absolue. Témoignage de la folie humaine, il ère dans les recoins où se cachent la peur, la superstition et les croyances morbides. Il évoque la Guerre et ses magma sanguinolents et l'absurdité cruelle du conflit rejoint l'imaginaire fécond où Blain nous entraîne. Une folle tourmente d'action, de passion, d'extravagance. Le scénario est ambitieux, le dessin est ample, envoûtant, obsédant, les textes sont inspirés. Le plaisir était espéré, il ne fait pas faux bond, assurant sa présence sur 76 planches et un petit cadeau final en supplément. Je ne suis pas surpris car j'attendais David B., je suis  admiratif et ravi.


Fabrice Leduc