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Ghost World
Film anglo-germano-americain
de Terry Zwigoff
(2002)
sortie nationale le 5 juin 2002
Genre : Drame
Durée : 1h51
avec Thora
Birch (Enid Coleslaw), Scarlett Johansson (Rebecca Doppelmeyer), Steve Buscemi
(Seymour), Brad Renfro (Josh), Illeana Douglas (Roberta), Bob Balaban (Père de
Enid), Stacey Travis (Dana), Charles C. Stevenson Jr. (Norman),
Dave Sheridan (Doug), Tom McGowan (Joe), Debra Azar (Melorra)
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Fiche
Technique
Internet
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« Ghost World »
est l’adaptation de la bande dessinée éponyme de Daniel Clowes.
Auteur indépendant et engagé du 9ème art, il crée en 1989 son
propre magazine, « Heightball », avec lequel il projette sa
vision d’une Amérique où l’argent et la course à la consommation ont
depuis longtemps remplacé les valeurs humaines de la société du nouveau
monde. Avec « Ghost World », dont le titre fait référence
à un graffiti ornant une porte de garage de la banlieue de Chicago (sa ville
natale), il choisit de nous dépeindre cette Amérique des fast-foods et du
conformisme culturel à travers les yeux de deux adolescentes décalées et
foncièrement cyniques. Trop « cool » pour se mélanger aux ringards
de leur lycée, Enid et Rebecca, un peu façon « Daria » (la
série animée) mais dans un registre plus « petites garces prétentieuses »,
trimballent leur ironie et leurs sarcasmes des cafétérias aux boutiques
pseudo-branchées de leur quartier. Mais avec la fin de leur période lycéenne,
ces éternelles spectatrices sont amenées à devenir les actrices de leur
propre vie. Un tournant toujours difficile à négocier.
Après le succès de l’auto-pré-publication dans « Heightball »,
l’intégrale de « Ghost World » sort chez Fantagraphics
Book en 1997 (et chez Vertige Graphic en 1999 pour sa version française)
pour devenir une BD culte et susciter bientôt l’intérêt de l’industrie
cinématographique. Mais l’auteur n’est pas prêt à abandonner sa création
pour une poignée de dollars et préfère s’associer avec Terry Zwigoff
(le réalisateur de « Crumb », un documentaire retraçant la
vie et l’œuvre du créateur de « Fritz le Cat ») pour
adapter son « monde fantôme » sur grand écran. Si, bien évidemment,
le duo de scénaristes s’appuie sur les huit histoires contenues dans le roman
graphique, il va creuser les personnages et
approfondir les situations, non sans avoir glissé des références
personnelles à l’instar de Terry Zwigoff et de sa passion pour les vieux
disques de Jazz, pour mettre en place le canevas d’un drame troublant sur
l’adolescence. Pour ce faire, ils transposent l’action dans une ville
californienne (donnant encore plus de sens au propos de Ghost World) et
installent, en plus de Enid, de Rebecca et de Josh, des personnages absents ou
juste évoqués dans le feuilleton dessiné.
Le film débute sur la remise des diplômes et la fin du lycée. Les deux
filles, qui envisagent leur nouvelle existence sans contraintes scolaires et
familiales, commencent à éplucher les petites annonces en recherche du premier
boulot qui leur permettra de prendre un appartement en commun. Mais bientôt,
leurs différences de caractère, de conception de l’existence et
d’aspiration pour l’avenir vont venir perturber leur projet d’aménagement.
Enid, pour préserver ses chances d’entrer à l’université, doit suivre des
cours d’été d’expression artistique, permettant à Illeana Douglas
(« Les affranchis », « Hypnose ») de
camper un professeur new-age jubilatoire, et ses errances mélancoliques vont
l’amener à se lier d’amitié avec Seymour (le toujours excellent Steve
Buscemi, « Reservoir dogs », « Los Angeles 2013 »),
un type de trois fois son âge qui, au contraire des ratés qu’elle fuit,
revendique son statut de looser et de collectionneur d’antiques disques de
Jazz.
Car, en plus de la qualité de son scénario et de la sobriété de sa mise en
scène, « Ghost World » repose sur une interprétation d’un
excellent niveau. Si Scarlett Johansson (« The Barber »)
et Brad Renfro (« Un élève doué ») sont irréprochables
dans leurs rôles respectifs de Rebecca et Josh, la palme revient à Thora
Birch (« American Beauty », « The Hole »,
« Donjons et Dragons »). Absolument magnifique dans ce rôle
d’Enid, adolescente mal dans sa peau de jeune fille juive un peu enveloppée
qui ne rêve que d’ailleurs, elle porte littéralement le film sur les épaules
de son personnage dans une prestation juste et bouleversante.
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Si Daniel Clowes
a supervisé le design du métrage de Zwigoff, contrairement à
ce que l’on pourrait croire les dessins du carnet de croquis, que
Enid ballade tout au long du film, ne sont pas de lui mais de Sophie
Crumb, la fille de Robert, rencontrée par le réalisateur au
cours du documentaire sur son père.
A l’opposé des deux Blockbusters cinéBD du mois, « Ghost
World » s’avère comme une œuvre poignante et réaliste.
Une comédie drôle et dramatique en tout point réussie (Prix du
Jury, Prix d’interprétation pour Thora Birch au festival du
cinéma américain de Deauville, une nomination aux oscars 2002 pour
le meilleur scénario pour une adaptation) qui devrait enchanter
critiques et amateurs de cinéma américain de qualité, et donner
envie de découvrir les ouvrages de Daniel Clowes, dont les œuvres
(« Caricature », « Comme un gant de
velours pris dans la fonte », « Pussey! »,
« Ghost World ») commencent enfin à arriver chez
nous.
NB : On peut
également retrouver Daniel Clowes, depuis quelques semaines,
dans les Inrockuptibles avec une BD intitulée « Daniel
Boring ».
Daniel Clowes est également le réalisateur du Clip « I
don’t want to grow up » des Ramones.
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Bruno
Paul
(Mai 2002)
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FICHE
TECHNIQUE
Réalisation : Terry Zwigoff
Scénario : Terry Zwigoff et Daniel Clowes d'après la bande dessinée
de Daniel Clowes
Producteur(s) : Lianne Halfon, John
Malkovich, Russell Smith
Producteur(s) exécutif(s) : Pippa Cross, Janette Day, Michael Shamberg
Musique originale : David Kitay et Skip James (chanson "Devil Got
My Woman")
Musique additionnelle : Wayne Coster (chanson "A Tender
Moment"), Joe Lervold (chanson "Mezzanine Dream"), Jaikishan
Dayabhai Pankal, Shankarsinh Raghuwanshi
Image : Affonso Beato
Montage : Carole Kravetz, Michael R. Miller
Distribution des rôles : Cassandra Kulukundis
Création des décors : Edward T. McAvoy
Direction artistique : Alan E. Muraoka
Décorateur de plateau : Lisa Fischer
Création des costumes : Mary Zophres
Maquillages : James Ryder
Son : Mark Weingarten
Effets spéciaux : Ron Bolanowski, Michael Duenas
Effets visuels : Ziad Seirafi
Production : Advanced Medien, Capitol Films, Granada Film Productions,
Jersey Shore, Mr. Mudd, United Artists
Distribution : Mars Distribution
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INTERNET
http://www.bacfilms.com/site/ghostworld
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