Attendu comme le
loup blanc par les fans de la BD et les amateurs de la série télévisée,
le géant vert débarque à son tour dans les salles obscures. Il faut
dire qu’il aura fallut plus de 10 ans pour que ce projet de Gale
Anne Hurd, détentrice des droits du monstre de l’écurie Marvel,
voit finalement le jour. Si, apparemment, on pouvait faire confiance
à la productrice de la saga « Terminator » pour
que cette transposition soit à l’image de son héros, c’est à
dire dévastatrice, l’ex-femme de James Cameron surprend néanmoins
tout le monde lorsque, en l’an 2000, elle propose à Ang Lee de réaliser
un de ses prochains films. Ce dernier, tout juste auréolé d’un
Tigre et d’un Dragon, ne va pas hésiter longtemps entre « Hulk »
et « Terminator 3 », l’autre mastodonte de la
dame, et, après la comédie romantique (« Garçon
d’honneur », « Raison et sentiment », « Salé,
sucrée »), le drame banlieusard (« Ice Storm »),
le western historique (« Chevauchée avec le Diable »)
et le film d’arts martiaux (« Tigre et Dragon »),
choisit de se plonger dans la bande dessinée.
Mais, le cinéaste taiwanais n’est pas artiste à se satisfaire à
mettre en image le script calibré d’un blockbuster hollywoodien à
120 millions de dollars et, il s’associe une fois de plus à James
Schamus, producteur et scénariste de tous ses films, pour
concocter une bande filmée à la fois inédite, et capable, au
contraire de la série télévisée de Kenneth Johnson,
d’illustrer la démesure de la version dessinée. Du coup, plutôt
que de poursuivre l’exploration de la thématique manichéenne du Dr
Jekyll et de son Mr Hyde, l’inséparable
duo, reprenant en partie la trame oedipienne déjà développée par Michael
France, décide de revisiter les origines du colosse et, tout en
s’inspirant de King Kong en lieu et place de Frankenstein pour
sympathiser la créature, de faire du géant vert le Titan d’une
tragédie grecque génétiquement modifiée.
C’est ainsi que le Bruce Banner (Eric Bana) de cinéma hérite
de l’ADN modifié de son père David (Nick Nolte), un
chercheur mystérieusement disparu alors qu’il était enfant. Devenu
à son tour un brillant généticien, Bruce travaille désormais aux côtés
de Betty Ross (la troublante Jennifer Connelly), son ex-petite
amie qui a préféré mettre un terme à leur relation en raison de
l’incapacité du jeune homme à exprimer ses sentiments. Mais, au
cours d’une expérience, Bruce Banner se retrouve exposé à une
surdose de rayons gamma. Miraculeusement indemne, il éprouve pourtant
d’étranges symptômes, comme si quelque chose vivait en lui, une présence
à la fois fascinante et terrifiante…
C’est alors qu’une créature, aussi mystérieuse que surpuissante,
fait son apparition sur le devant de la scène et ravage le
laboratoire et le domicile du Dr Banner. L’armée, rapidement alertée,
dépêche alors le général Ross (Sam Eliott), le père de
Betty, pour capturer le monstre. Mais, alors que Glenn Talbot (Josh
Lucas), le rival scientifique et sentimental de Bruce, se lance également
sur les traces du Hulk, David Banner décide à son tour de sortir de
l’ombre. Bientôt, Betty découvre que la créature a un rapport
avec les recherches conduites 30 ans plutôt par le père de Bruce, et
comprend ce qu’est – ou plutôt qui est – Hulk…
Si, durant la quasi
première heure, marquée par l’absence de géant vert, la pellicule
privilégie la mise en place de l’intrigue, des personnages et les
explications scientifiques, le cinéaste n’en oublie pas pour autant
de rendre hommage au 9ème Art, et multiplie « split-screen »,
superpositions d’images et débordements de cadre conférant à son
« Hulk » le design d’un véritable comic-book
filmé. Puis c’est enfin l’accident (et c’est tant mieux car
tout cela commençait à devenir un peu long) et Hulk apparaît enfin
à l’écran. Un Hulk, tout numérique, grâce aux prouesses des
magiciens d’ILM, et nouvelle formule puisque ici, la créature,
moins primaire que dans la BD ou dans la série télévisée, voit sa
taille évoluer en fonction de l’intensité de sa colère.
Finalement, après avoir sauvé sa belle d’une meute de chiens
mutants, King Kong … heu, non Hulk, bientôt repéré et capturé
par l’armée, va devoir s’échapper et combattre tanks, hélicoptères
et avions de chasse lancés à sa poursuite. Une course effrénée qui
le mènera des régions désertiques de l’Arizona jusque dans la
baie d’un San Francisco dévasté…. avant qu’il ne soit obligé
d’affronter les monstres de son passé en une apothéose nucléaire
des plus titanesques.
Une œuvre
grandiose et sacrément gonflée, puisque après avoir déstabilisé
les fans purs et durs du comic, en une première partie « irrespectueuse »
et quelque peu verbeuse, le film de Ang Lee, à l’instar de
Bruce Banner, se métamorphose en une véritable illustration de la
bande dessinée, au risque de laisser les amateurs de la série télé
et les cinéphiles « comicphobes » sur le carreau.
Toujours est-il
que si on ne savait pas à quelle sauce serait assaisonné le géant
vert, on savait pertinemment que ça risquait de faire du bruit. De ce
point de vue, ce Hulk évènementiel est une totale réussite
puisqu’il devrait déchaîner les passions et déclencher la polémique
entre amateurs et détracteurs. En ce qui me concerne, je me range définitivement
du côté des amateurs.
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FICHE
TECHNIQUE
Réalisation : Ang
Lee
Scénario : David Hayter, James Shamus, John Turman et Michael France
d’après une histoire de James shamus à partir des personnages de Stan Lee et
Jack Kirby
Producteur(s) : Avi Arad, Larry J. Franco, Gale Anne Hurd, James
Schamus
Producteur(s) associé(s) : Cheryl A. Tkach, David Womark
Producteur(s) exécutif(s) : Kevin Feige, Stan Lee
Musique originale : Danny Elfman
Musique additionnelle : Mychael Dann – Chanson « Set Me Free »
Duff McKagan, Slash, Matt Sorum, Scott
Weiland
Image : Frederick Elmes
Montage : Tim Squyres
Distribution des rôles : Avy Kaufman, Frank Warren
Création des décors : Rick Heinrichsµ
Direction artistique : John Dexter, Greg Papalia
Décorateur de plateau : Cheryl Carasik
Création des costumes : Marit Allen
Maquillage : Rick Baker
Son : Gary Rydstrom
Effets
spéciaux :
Robert Kurtzman, Michael Lantieri, Gregory Nicotero
Production : Good Machine, Marvel Entertainment, Pacific We, Universal
Pictures, Valhalla Motion Pictures
Distribution : United International
Pictures (UIP)
Effets spéciaux : ILM, K.N.B. EFX Group Inc.
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