Genre : Anime de science fiction
Durée : 1h47

Avec les voix de Yuka Imoto (Tima), Kei Kobayashi (Kenichi), Kouki Okada (Rock), Jamieson Price (Duke Red), Toshio Furukawa (Général), Dave Mallow (Pero), Michael Junpei Takeguchi (Dr. Laughton)

Pas tout à fait un remake animé du film de 1927, « Metropolis » est en fait l’adaptation du manga homonyme de Ozamu Tezuka, publié à la fin des années 40. A l’époque, l’auteur, qui n’avait pas vu le chef d’œuvre de Fritz Lang, explique s’être inspiré des photos du film et des articles de presse engendrés par ce monument de la science fiction. Du coup, si l’on retrouve dans le film de Rintaro (« Galaxy 999 », « Neo-Tokyo ») les thèmes (la dictature sociale, la mégalomanie, la tour de Babel) et l’architecture démentielle de Métropolis, la trame du récit, ainsi que son point de vue narratif, diffèrent de l’œuvre originale.

Alors que les nantis profitent du confort et des merveilles technologiques de Metropolis et fêtent Ziggurat, la tour centrale qui domine la cité, la révolte gronde dans les bas fonds où vivent les travailleurs humains et mécaniques (les robots) nécessaires au bon fonctionnement des infrastructures. C’est dans ce cadre et cette effervescence que le détective Shunsaku Ban et son neveu Kenichi, venus de Tokyo pour retrouver et arrêter le Dr Laughton, un spécialiste en cybernétique suspecté de trafic d’organes, vont découvrir en Tima, une androïde ignorant tout de sa nature artificielle, la pièce maîtresse d’un complot aux résonances planétaires.

Comme Lang, avant lui, Rintaro ne va pas lésiner sur les moyens (le plus gros budget pour une animation nippone hors studio Ghibli) pour offrir la dimension suffisante à la démesure de son entreprise. En effet, mettre en scène Metropolis façon « anime », même par le biais d’une version manga, était loin d’être sans risque, tant du point de vue thématique (le scénario est signé Katsuhiro Ôtomo, le créateur et réalisateur de « Akira ») qu’iconographique, et, fort est de constater, que le réalisateur de « Albator » remporte ce périlleux pari de façon audacieuse.
Choisissant la voie de l’hétérogénéité, il parvient (enfin) à marier, avec goût et subtilité,  les techniques de la 3D (la ville, les décors sont réalisés en images de synthèse et fourmillent de détails et de références qui viennent enrichir la teneur du récit) avec celles de l’animation traditionnelle. Durant 1h45, des personnages en 2D vont évoluer avec crédibilité au sein d’un univers géré par ordinateur et nous proposer une formidable fable, humaniste, sociale et intemporelle, sur fond d’amour impossible entre l’homme et la machine.
Jouant à fond la carte du mixage culturel, Rintaro n’hésite pas à mêler les dernières techniques de l’animation avec des personnages d’aspect classique (voir parfois un tantinet naïf façon « Astro Boy »), et à rythmer son film avec de la musique Jazz renvoyant aux ambiances des années 30-40.

Si bien entendu, ces partis pris risquent de surprendre, voir de déstabiliser les spectateurs (moi le premier), l’excellente tenue narrative de « Metoroporisu » (qui brasse à la fois les thématiques de Lang et de Tezuka, mais aussi de Dick, façon Ridley Scott, et Asimov) et les prouesses techniques qui lui permettent de prendre forme, finissent de nous convaincre pour mieux nous emporter dans un final de toute beauté, une renaissance au parfum de romantisme apocalyptique.
Une superbe version animée qui mérite le détour malgré quelques longueurs et des partis pris graphiques discutables.

Réalisation : RinTarô
Scénario : Katsuhiro Ôtomo d’après le manga de Osamu Tezuka

Producteur(s) : Masao Maruyama et Iwao Yamaki pour Mad House

Musique originale : Toshiyuki Honda
Direction artistique : Shuichi Hirata
Son : Masafumi Mima
Effets visuels : Shuichi Hirata, Tsuneo Maeda
Création des personnages : Yasuhiro Nakura

Production : Madhouse Productions, Metropolis Project, Tezuka Production Company Ltd.
Distribution : Columbia TriStar Films

http://www.columbiatristar.fr/k/metropolis/